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Libye : une délégation européenne refoulée par le gouvernement de Benghazi

Le commissaire européen aux affaires intérieures et à la migration, Magnus Brunner, au Conseil européen à Bruxelles, le 12 décembre 2024.   -  
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Libye

Dans un communiqué, le chef du gouvernement de l’Est libyen, Osama Hammad, a déclaré que les ministres de l’Intérieur de l’Italie, de la Grèce et de Malte ( respectivement Matteo Piantedosi, Thanos Plevris et Byron Camilleri ), ainsi que le commissaire européen Magnus Brunner, étaient désormais considérés comme persona non grata sur le territoire placé sous son autorité.

L’annonce est survenue peu après leur arrivée à Benghazi, d’où ils ont été sommés de repartir.

Selon le communiqué, les responsables européens ont « contrevenu de manière flagrante aux usages diplomatiques établis ainsi qu’aux conventions internationales », agissant « en mépris manifeste de la souveraineté nationale libyenne et en violation des lois internes du pays ». Il leur est notamment reproché de ne pas avoir sollicité l’accord préalable des autorités orientales après avoir entamé leur mission par une escale dans la capitale occidentale, Tripoli, siège du gouvernement internationalement reconnu dirigé par Abdel Hamid Dbeibah.

La délégation européenne, qui s’était rendue à Tripoli pour s’entretenir avec les autorités officielles libyennes sur les politiques migratoires, avait pour objectif de renforcer la coopération en matière de lutte contre l’immigration clandestine, notamment en amont des traversées maritimes vers l’Europe.

Depuis plusieurs années, l’Union européenne investit des moyens considérables pour contenir les flux migratoires en provenance de Libye, un pays plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 et divisé entre deux gouvernements rivaux.

La réaction de l’Est libyen, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar et opposé au gouvernement de Tripoli, souligne la persistance des clivages internes dans un pays où chaque camp revendique la légitimité et exerce un contrôle effectif sur des portions distinctes du territoire.

En l’espèce, les autorités de Benghazi exigent que toute délégation étrangère souhaitant circuler entre les deux zones coordonne sa visite avec les deux administrations, ce qui, selon certaines sources, n’aurait pas été rigoureusement respecté dans ce cas.

Le vice-Premier ministre grec, Kostis Hadzidakis, a confirmé sur la chaîne publique ERT que si les entretiens à Tripoli s’étaient déroulés comme prévu, le gouvernement de Benghazi avait, semble-t-il en réaction à cette première étape, décidé de ne pas accueillir la délégation. « Ce n’est pas une décision constructive, surtout à l’heure où l’Union européenne s’efforce sincèrement de trouver des solutions équilibrées à des questions migratoires complexes », a-t-il déploré.

Malgré l’incident, le commissaire Brunner a relativisé les faits dans une publication sur les réseaux sociaux, se bornant à indiquer que « les réunions prévues à Benghazi n’avaient pu se tenir », sans mentionner l’expulsion ni la controverse.

L’affaire a toutefois fait les choux gras de l’opposition italienne, qui n’a pas manqué de souligner l’ironie de la situation. « Piantedosi expulsé de Libye pour entrée illégale : je voulais faire une remarque ironique, mais je crois que cela se passe de commentaire », a écrit sur Facebook le député Matteo Orfini, membre du Parti démocrate, en critique implicite de la politique migratoire ferme du gouvernement de Giorgia Meloni.

Cet incident diplomatique intervient dans un contexte de fortes tensions institutionnelles. La Libye demeure divisée entre deux pouvoirs rivaux, à l’Ouest et à l’Est, compliquant toute initiative étrangère sur des dossiers aussi sensibles que la migration.

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