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Kenya : les "rage rooms" pour relâcher la pression

Un homme rit après avoir cassé un téléviseur pour évacuer sa colère à la Shadow Rage Room, Lagos, Nigeria,28/07/2024.   -  
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Kenya

Vêtu d’une tenue de protection et armé d’une batte de baseball, Daniel Gatimu s’attaque à une pile de bouteilles en verre. À chaque éclat de verre brisé, il ressent un soulagement immédiat.

Dans un monde où les pressions quotidiennes ne cessent de s’intensifier, une nouvelle méthode de gestion du stress fait fureur au Kenya : les "rage rooms". Ces espaces dédiés permettent aux participants d’évacuer leur frustration en brisant des objets, sous une supervision stricte.

Pour Gatimu, c’est un choix évident : « Avant de venir ici, j'étais très, très en colère contre la situation économique, les féminicides, la façon dont le gouvernement gère les choses, tout va mal dans le pays, dans mes études aussi. C'est mieux de se défouler ici que dans la rue, ça m'évitera de m'en prendre aux gens, de leur crier dessus, de faire des crises. Cette salle est idéale pour évacuer le stress. »

Kinya Gitonga, une autre cliente, partage une expérience similaire. En lançant des bouteilles et en criant, elle trouve une libération émotionnelle :

« C’était incroyable. J’ai libéré ma douleur intérieure et mes inquiétudes. Maintenant, je me sens beaucoup mieux, mon cœur est plus léger. »

Une thérapie complémentaire

L’idée de ces rage rooms a été inspirée par des films, raconte Wambui Karathi, une psychologue de 23 ans qui a fondé The Healing Room. Ouvert en septembre 2024, cet espace combine thérapie traditionnelle et défoulement dans une rage room. Depuis son lancement, une quarantaine de clients ont franchi ses portes.

Cependant, Karathi insiste :

« Les rage rooms ne remplacent pas la thérapie. Elles offrent un soulagement temporaire, mais pour traiter les causes profondes du stress ou de l’anxiété, il faut consulter un thérapeute. »

Une réponse à une crise de santé mentale

Selon un rapport de Global Mind Project, 23 % des Kenyans, soit environ 10,9 millions de personnes, souffrent de détresse mentale. Pourtant, 75 % de la population n’a pas accès aux services de santé mentale, et quatre suicides sont recensés chaque jour selon le ministère de la Santé.

Les rage rooms offrent une alternative pour briser le stigmate entourant la santé mentale au Kenya, souvent perçue comme réservée aux "malades mentaux". Karathi souligne que cette perception décourage de nombreuses personnes de chercher de l’aide.

Une catharsis sur les murs

Après chaque session, les clients laissent des messages sur les murs de la rage room. Certains témoignent du pouvoir cathartique de l’expérience :

« Des vies ont été sauvées ici. »

« Tout ira bien, restez calme ! »

Alors que les éclats de verre jonchent le sol et que la prochaine session se prépare, ces espaces continuent de transformer la façon dont les Kenyans gèrent leur stress et abordent leur santé mentale.

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