Haïti
En Haiti, la situation se détériore chaque jour, les gangs poursuivant leur volonté de contrôler Port-au-Prince, notamment le quartier de Solino, qui est sous attaque depuis la semaine dernière.
Les résidents fuient en masse, cherchant désespérément à échapper à la violence croissante. Ce vendredi, des coups de feu résonnaient encore dans les rues animées de la capitale, tandis que les parents pressaient le pas, tenant fermement la main de leurs enfants en route pour l’école.
L’attaque de Solino a été revendiquée par une coalition de gangs connue sous le nom de Viv Ansanm, qui signifie « vivre ensemble ». Formée en septembre 2023, cette coalition réunit deux grandes fédérations de gangs auparavant ennemies, marquant un tournant dans la dynamique criminelle du pays. Depuis février, Viv Ansanm a orchestré des attaques de grande envergure contre des infrastructures gouvernementales, contribuant à la démission du Premier ministre Ariel Henry.
Marie Yolenne Gilles, directrice de l’ONG haïtienne de défense des droits de l'homme Fondation Je Kler, décrit l’arrogance croissante des gangs dans leur objectif de contrôle total des territoires. Les habitants de Solino, pris au piège, se retrouvent dans une situation de plus en plus désespérée. Edna Gelin, une résidente, raconte comment elle a dû fuir avec ses deux enfants et sa mère âgée alors que des balles s'abattaient sur leur maison, « les balles tombaient comme la pluie sur le toit en zinc », se souvient-elle, les larmes aux yeux.
La violence des gangs a également eu des répercussions sur la connectivité aérienne, un transporteur américain ayant temporairement suspendu ses vols vers la capitale après qu'un hélicoptère de l'ONU a été touché par des tirs à proximité de l’aéroport principal. Spirit Airlines a annoncé la suspension de son vol quotidien entre Fort Lauderdale et Port-au-Prince « pour la sécurité des passagers ».
Cette escalade de violence soulève des inquiétudes quant à la mission de soutien des Nations Unies, dirigée par des policiers kényans, qui peine à contenir la situation. Des responsables américains et haïtiens ont exprimé leurs craintes concernant le manque de personnel et de financement de cette mission, plaidant pour un remplacement par une véritable opération de maintien de la paix de l'ONU.
Les membres du conseil présidentiel transitoire d’Haïti, menés par le nouvellement nommé Leslie Voltaire, ont tenu une conférence de presse pour aborder cette montée de violence. Voltaire a promis que les gangs seraient tenus responsables, déclarant : « Ils recevront la réponse des forces de l’ordre ».
Sur le terrain, la situation est catastrophique. Les gangs, opérant en toute impunité, se sont retranchés dans des « corridors » qu'ils ont établis à travers les maisons, leur permettant de se déplacer tout en évitant les forces de l’ordre. Ces couloirs ont été utilisés pour incendier le quartier de la rue Anglade, témoignant de leur détermination à étendre leur emprise sur Solino. Un résident avertit de l'urgence de couper ces passages pour empêcher les malfrats de se réapprovisionner.
Bien que les policiers haïtiens déployés sur place tentent de contenir les assauts, la population appelle au retour des Forces Armées d'Haïti pour renforcer la sécurité. Quant à la présence des policiers kényans de la mission de soutien, les résidents estiment qu'elle est insignifiante face à l'ampleur de la crise.
Alors que des tirs nourris continuent de résonner, des milliers de personnes fuient encore leur quartier, craignant un autre massacre imminent. La situation s'aggrave, et les espoirs de paix s’amenuisent, laissant la population dans l'angoisse d'un avenir incertain.
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