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Kenya : les recherches se poursuivent après la mort de 51 adeptes d'une secte

La police et les résidents locaux chargent les corps exhumés des victimes d'un culte religieux à l'arrière d'un camion à Shakahola, dans le sud du Kenya, 23 avril 2023.   -  
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Kenya

Les recherches se poursuivaient lundi dans une forêt de l'est de Kenya, après les macabres découvertes de 51 corps d'adeptes d'une secte, suscitant des interrogations sur l'attitude des autorités qui avaient déjà arrêté son "pasteur" pour ses activités d'endoctrinement.

Selon la Croix Rouge kényane, "jusqu'à présent, 112 personnes ont été portées disparues" à son bureau de recherche sur place.

Nous avons mis en place des bureaux de recherche et de conseil à l'hôpital du sous-comté de Malindi dans le cadre de la réponse à Shakahola. Jusqu'à présent, 112 personnes ont été portées disparues au bureau de recherche.

"Cela prouve clairement que beaucoup de gens sont encore là et continuent à jeûner, risquant de mourir à chaque seconde qui passe. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement national d'envoyer des troupes sur le terrain", explique Hussein Khalid, membre de Haki Africa, organisation qui a alerté la police sur les agissements de l'Église Internationale de Bonne Nouvelle.

"Les enfants appartiennent à la famille et à la communauté. Et ici, quand ils sortent, ils sont attachés avec des cordes et forcés à jeûner jusqu'à ce qu'ils meurent. C'est un grand coup et un grand choc pour notre pays. Pareille cruauté n’existe pas ?", ajoute Sebastian Muteti, chargé de la protection de l'enfance pour le comté de Kilifi, affirmant qu'il s'agissait de "tueries de masse".

Le massacre de la forêt de Shakahola est la violation la plus évidente du droit de l'homme à la liberté de culte, inscrit dans la constitution. À première vue, des crimes à grande échelle ont été commis au regard du droit kényan et du droit international.

Les enquêteurs poursuivent leurs investigations. Toute la forêt de Shakahola, soit près de 320 hectares est bouclée et a été déclarée "scène de crime"

"Massacre"

Le chef de la police kényane, Japhet Koome, était attendu ce lundi dans la matinée dans la forêt de Shakahola, située non loin de la ville côtière de Malindi. Le ministre de l'Intérieur, qui a qualifié dimanche ces morts de "massacre", doit se rendre sur place mardi.

Depuis vendredi, 47 corps ont été exhumés, après la découverte initiale de quatre morts par la police le 14 avril. Ce jour-là, onze autres personnes avaient été secourues et hospitalisées.

Aucun détail n'est disponible sur l'état des corps et la durée de leur présence dans le sol.

L'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church) est dirigée par Makenzie Nthenge, un "pasteur" qui prône notamment de jeûner pour "rencontrer Jésus". Il s'est rendu à la police et est en détention depuis le 15 avril et observerait une grève de la faim depuis quatre jours. Selon les médias locaux, six de ses fidèles ont également été arrêtés.

"Précédentes arrestations"

Certains adeptes sont encore présents dans la forêt. L'une d'entre elles a été retrouvée dimanche. Frêle, les yeux exorbités, elle a refusé de s'alimenter.

"Elle a absolument refusé de recevoir les premiers soins et elle a fermé résolument sa bouche, refusant d'être assistée, voulant continuer son jeûne jusqu'à la mort", a déclaré à l'AFP Hussein Khalid, membre de Haki Africa, organisation qui avait alerté la police sur les agissements de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle.

Ces macabres découvertes suscitent les interrogations sur l'attitude des autorités qui connaissaient les activités du pasteur Makenzie depuis 2017.

Cette année-là, il avait été arrêté car il prônait à de nombreux enfants de ne pas aller à l'école en leur disant que l'éducation n'est pas reconnue dans la Bible. À l'époque, il avait été accusé de "radicalisation" et de diriger une école non enregistrée.

Il avait à nouveau été arrêté le mois dernier après que deux enfants étaient morts de faim sous la garde de leurs parents, qui les avaient ensuite enterrés.

Il avait été libéré contre une caution de 100 000 shillings kényans (environ 670 euros) et avait poursuivi ses activités.

La police s'était finalement rendue dans la forêt après avoir reçu le 13 avril des informations faisant état de "citoyens ignorants morts de faim sous prétexte de rencontrer Jésus après avoir subi un lavage de cerveau par un suspect, Makenzie Nthenge", selon un rapport de police.

Il doit comparaître devant un juge le 2 mai.

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