Afrique du Sud
Scientifiques, politiques comme professionnels du tourisme Sud-Africains, jugent "ridicule" et offensant d'être maintenus sur la "liste rouge" de la Grande-Bretagne, qui décourage les Britanniques à venir chez eux en leur imposant au retour une quarantaine stricte.
Alors que les chiffres de contaminations sont au plus bas en Afrique du Sud, à moins de 3.000 cas par jour, les accusations de "discrimination" et soupçons de racisme fusent, dans des communiqués de presse comme sur les réseaux sociaux, et l'ignorance des régulateurs britanniques est fustigée.
Réputée pour ses réserves d'animaux sauvages et ses paysages à couper le souffle, l'Afrique du Sud ne retrouve pas ses touristes en dépit d'une situation sanitaire stabilisée.
Coupé du monde presque tout 2020, puis mis à l'index par de nombreux gouvernements après la découverte en décembre du variant Beta plus contagieux, le pays commence tout doucement à recevoir quelques étrangers, pour des voyages haut-de-gamme notamment. Mais les règles de Londres empêchent toujours les Britanniques de voyager en Afrique du Sud, alors qu'ils étaient le premier contingent de touristes étrangers avant la pandémie de Covid-19, avec plus de 400.000 voyageurs en 2019.
L'Afrique du Sud fait du sur-place sur la "liste rouge", actualisée régulièrement, signifiant que les voyageurs arrivant de ce pays au Royaume-Uni restent tenus de passer dix jours dans un hôtel imposé, pour un coût de quelque 2.000 euros.
Le consulat britannique à Pretoria a affirmé cette semaine rester "préoccupé par la présence continue du variant Beta" et "sa capacité potentielle à contourner les vaccins". Absurde et infondé sur le plan scientifique, s'étrangle le virologue Tulio de Oliveira, dont l'équipe scientifique a été la première à détecter ce variant local: "Le Beta n'a pas été détecté (chez nous) depuis des mois", a-t-il dénoncé dans un tweet.
"Nous avons un nombre d'infections inférieur à celui du Royaume-Uni, le même variant dominant (le Delta, ndlr), une surveillance génomique approfondie (...) Alors pourquoi cette discrimination?", demande-t-il.
Peu de risques en safari
Le spécialiste britannique de maladies infectieuses Marc Mendelson, qui enseigne au Cap, se dit "gêné" par le comportement de son gouvernement. "Désinformation, science dépassée et inexacte...", a-t-il réagi cette semaine. Une pétition des professionnels du tourisme lancée en août a déjà recueilli près de 37.000 signatures.
"C'est ridicule", déplore Andre Retief de l'agence de voyages Safari With Us, dont près de 30% des réservations étaient auparavant britanniques. "Le Covid est partout dans le monde maintenant. Venir faire un safari" dans d'immenses espaces, installé dans un 4x4 ouvert au vent, "est en fait assez sûr", illustre-t-il.
Pour Andre Van Kets, directeur du Discover Africa Group, ces mesures n'ont plus de sens dans la mesure où taux d'infection et de vaccination "évoluent dans la bonne direction".
Les touristes anglais continuent de se renseigner et font des projets pour 2022 et 2023, souligne-t-il, mais se désistent souvent lorsqu'il faut verser un acompte. Avant la pandémie, le tourisme contribuait directement à environ 3% du PIB et employait des centaines de milliers de personnes.
"Nous sommes fermement convaincus qu'il n'existe aucune base raisonnable pour maintenir l'Afrique du Sud sur la liste rouge", a déclaré dimanche la ministre des Affaires étrangères, Naledi Pandor, vantant notamment le "robuste programme de vaccination" sud-africain.
Alors que c'est officiellement le pays le plus touché d'Afrique, le nombre de nouveaux cas quotidiens de contaminations tourne désormais autour de 2.000, contre plus de 24.000 début juillet. Le pays est sorti de sa troisième vague de contaminations, assouplissant récemment ses restrictions. A ce jour, plus de 20% des adultes sont vaccinés.
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