Ethiopie
À l'est du Soudan, Gabratansay Gabrakhristos redoute chaque sonnerie de son téléphone. Depuis la découverte des corps échoués au bord de la rivière, il ne cesse d'être appelé par les villageois à chaque nouvelle découverte macabre. À l'aide d'autres Tigréens, il récupère les cadavres pour les enterrer et craint qu**'ils ne soient la preuve d'exécutions massives par des troupes alliées du gouvernement**.
"Cent cinquante personnes ont été arrêtées et emprisonnées en Éthiopie", raconte le Tigréen Kahsay Gabrselsey. "Leurs familles leur préparaient le petit-déjeuner et le déjeuner dans la prison. Après cinq jours, les gardiens de la prison leur ont dit que ces prisonniers n'étaient pas présents, et les gens ont dit qu'ils avaient entendu dire qu'ils avaient été tués et jetés dans la rivière. On a entendu le bruit de cris et de tirs. Ils nous ont dit de les chercher dans la rivière, et on a accepté. Les pêcheurs ont dit qu'ils avaient trouvé des corps à cet endroit, et on a trouvé la première personne ici, les mains attachées dans le dos."
Certains rescapés du massacre de la ville d'Humera accusent les forces fédérales d'avoir abattu les 150 prisonniers, les mains liées dans le dos. Le gouvernement a rejeté ces allégations, les qualifiant d'"inventées".
Amnesty International révèle dans son rapport publié le 10 août 2021, que "des femmes et des filles ont subi des violences sexuelles perpétrées par des membres des Forces de défense nationales éthiopiennes (ENDF), des Forces de défense érythréennes (EDF), des Forces spéciales de police de la région Amhara (ASF) et de la milice amhara Fano."
"On a trouvé quarante-sept corps, tous attachés, seules trois ou cinq personnes n'étaient pas attachées, et on a trouvé cinq corps de femmes", détaille Gabratansay Gabrakhristos. "On a trouvé les corps coupés, sans les mains et les pieds. Les estomacs ont été enlevés, et on a trouvé des corps avec une balle dans le cœur, d'autres frappés à coups de hache dans le cou, et d'autres sans leurs organes génitaux."
Gonflés et déformés, les cadavres ne pas toujours reconnaissables, mais portent parfois des tatouages inscrits dans leur langue, le Tigrinya. Pour le Tigréen, la rivière a encore des corps à leur livrer.
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