Nigéria
Le groupe jihadiste Boko Haram, qui mène depuis 12 ans une rébellion dans le nord-est du Nigeria, a semé la terreur sur des pans entiers de territoire sur les pourtours du lac Tchad.
Mercredi, au moins 26 militaires tchadiens ont été tués et plusieurs blessés dans une attaque attribuée par les autorités à Boko Haram dans la région du lac Tchad, une vaste étendue d'eau partagée par le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria. La rébellion de Boko Haram a éclaté en 2009 dans le Nord-Est nigérian avant de se propager dans les pays voisins. Depuis, plus de 36 000 personnes (principalement au Nigeria) ont été tuées, et trois millions ont dû fuir leur domicile, selon l'ONU.
En 2016, le groupe s'est scindé en deux branches : la faction dirigée par son chef historique, Abubakar Shekau, et le groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap). Boko Haram a confirmé en juin dernier la mort d'Abubakar Shekau, dans des combats contre l'Iswap. Les autorités tchadiennes appellent indifféremment "Boko Haram" ces deux groupes.
Islam radical
Boko Haram signifie "l'éducation occidentale est un péché" en haoussa, langue la plus répandue dans le nord du Nigeria. Dans les années 1990, les prêches de son fondateur Mohamed Yusuf drainent de nombreux fidèles à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno (nord-est). Mais c'est en 2002 qu'il commence à attirer l'attention des autorités.
Prônant un islam radical, Mohamed Yusuf impute les problèmes du pays aux valeurs occidentales, introduites par le colonisateur britannique. Il séduit la jeunesse désoeuvrée de la région, critiquant le régime central d'Abuja, gangréné par la corruption.
En 2009, des affrontements éclatent entre Boko Haram et la police à Maiduguri. L'armée tue des centaines de personnes et capture Mohamed Yusuf, exécuté sans jugement. Abubakar Shekau, son bras droit, lui succède. Le mouvement passe dans la clandestinité, ses cadres rescapés s'enfuient.
Enlèvements et campagne de violences
A leur sortie de clandestinité en 2010, les mouvements jihadistes internationaux sont en pleine expansion, rassemblés derrière Al-Qaïda. Abubakar Shekau ne veut plus seulement faire appliquer la loi islamique au Nigeria, mais déstabiliser l'État avec une campagne de violences, de conversions de masse et de terreur.
Des dizaines d'attaques font plusieurs milliers de morts, visant des écoles, églises, mosquées et symboles de l'État et les forces de l'ordre, principalement dans le Nord et le Nord-Est. Le groupe utilise également des enfants ou des jeunes filles comme kamikazes.
Les islamistes de Boko Haram se livrent aux premiers rapts dans des écoles, avec l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles dans leur dortoir de Chibok en 2014, suscitant l'émoi de l'opinion publique mondiale. Les enlèvements d'écoliers vont ensuite se multiplier, en particulier cette année, où plus de 1000 jeunes gens ont été kidnappés depuis décembre 2020 par des bandes criminelles, dont certaines ont tissé des liens avec les groupes jihadistes présents dans le Nord-Est.
Groupe État Islamique
En août 2014, Boko Haram proclame un "califat" dans les zones sous son contrôle, comme l'EI en Irak et en Syrie. L'organisation engrange les conquêtes territoriales dans le Nord-Est, qui devient totalement inaccessible. En mars 2015, elle fait allégeance à l'EI et devient l'Iswap.
Les armées de la région (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) mènent à partir de 2015 une offensive pour chasser les jihadistes des localités dont ils s'étaient emparés. Mais les attentats suicide, attaques de villages et enlèvements de masse se poursuivent.
En août 2016, l'EI désigne un nouveau chef pour l'Iswap, désavouant Abubakar Shekau qui fait scission en relançant la faction historique de Boko Haram. Le commandement de l'EI désapprouve les attaques suicide menée par des enfants ou des femmes et les razzias contre les civils majoritairement musulmans, ciblant prioritairement les positions militaires ou des humanitaires travaillant pour des organisations internationales.
L'Iswap, qui mène des attaques de plus en plus sophistiquées, contrôle aujourd'hui d'importants pans de territoires autour de la région du lac Tchad, où les populations vivent sous son contrôle, sans accès aux services de l'État ou des agences humanitaires internationales. Selon l'ONU, "5,1 millions de personnes luttent contre la faim" et "400 000 enfants souffrent de malnutrition sévère" dans le bassin du lac Tchad.
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