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Covid-19 : Mo Ibrahim dénonce l'accumulation de vaccins par certains pays

Covid-19 : Mo Ibrahim dénonce l'accumulation de vaccins par certains pays
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Coronavirus

Le philanthrope Mo Ibrahim critique vivement l'accumulation de vaccins contre la Covid-19 par les pays riches, exhortant la communauté internationale à "joindre le geste à la parole" pour une distribution équitable, alors que l'Afrique est désespérément à la traîne.

Magnat britannique de la téléphonie mobile né au Soudan, Mo Ibrahim est salué comme une autorité morale dans toute l'Afrique. Âgé de 75 ans, il a fait fortune en créant le réseau de téléphonie mobile Celtel en Afrique dans les années 1990. Il utilise aujourd'hui cette fortune pour promouvoir la démocratie et la responsabilité politique sur le continent, notamment en parrainant le prix Ibrahim, doté de cinq millions de dollars, qui récompense les dirigeants africains qui gouvernent de manière responsable et qui abandonnent leur pouvoir de manière pacifique.

Dans une interview accordée à Associated Press, Mo Ibrahim déplore la "concurrence" mondiale pour les vaccins et fait valoir qu'"au moins une partie raisonnable" devrait aller aux travailleurs de première ligne en Afrique. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé la semaine dernière que les livraisons de vaccins étaient "presque à l'arrêt" en Afrique, à un moment où certains pays sont confrontés à un pic de cas.

Responsabilisation des gouvernements

L'Afrique a administré des doses de vaccin à 31 millions de ses 1,3 milliard d'habitants. Seuls sept millions de personnes sont entièrement vaccinées, selon la directrice Afrique de l'OMS, Matshidiso Moeti. L'Afrique subsaharienne n'a administré en moyenne qu'une dose de vaccin pour 100 personnes, alors que la moyenne mondiale est de 23 doses pour 100 personnes, a-t-elle ajouté, réitérant l'appel lancé par l'Afrique aux pays plus riches ayant une couverture vaccinale importante pour qu'ils partagent certaines des doses restantes.

Le président Joe Biden a déclaré que les États-Unis partageraient certains de leurs vaccins. Mo Ibrahim a également prévenu que l'Afrique ne pouvait pas se permettre de rester les bras croisés, citant la nécessité d'une plus grande responsabilisation des gouvernements qui se sont engagés en 2001 à consacrer au moins 15 % de leur budget national à la santé publique.

L'intégration économique, qui élargit les échanges entre les nations, est essentielle, selon lui. "Nous devrions compter beaucoup plus sur nous-mêmes. J'ai toujours pensé que l'autonomie est quelque chose d'important en Afrique. Nous devons vraiment construire des services de santé résilients dans nos pays", a-t-il ajouté.

Immunité collective

Citant la Tanzanie sous l'ancien dirigeant John Magufuli, décédé en mars, Mo Ibrahim s'est dit déçu que certains présidents semblent écarter la menace de la Covid-19. "Nous devons demander des comptes à nos dirigeants", a-t-il déclaré. "Vous niez et vous en payez le prix... Malheureusement, votre peuple en paie aussi le prix. Par conséquent, nous devons tenir nos gens responsables de leur comportement, de la façon dont ils allouent les ressources. Et c'est à nous, dans la société civile, de continuer à soulever cette question."

L'Afrique a confirmé plus de 4,9 millions de cas de Covid-19, dont 132 000 décès, ce qui représente une infime partie du nombre de cas dans le monde. Cependant, certains experts craignent que le continent souffre beaucoup à long terme si une plus grande partie de sa population n'est pas vaccinée dans le cadre des efforts visant à atteindre l'immunité collective, c'est-à-dire lorsqu'un nombre suffisant de personnes sont protégées par l'infection ou la vaccination pour qu'il soit difficile pour un virus de continuer à se propager.

Pour atteindre cet objectif, il faudra environ 1,5 milliard de doses de vaccin pour l'Afrique si l'utilisation du vaccin à deux doses d'AstraZeneca, souvent la principale dose disponible dans le cadre du programme Covax soutenu par les donateurs pour garantir l'accès des pays en développement, est généralisée.