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[Exclusif] Délestages, FMI, dossier Africanews... entretien avec le ministre congolais de la Communication

Interview

Africanews recevait sur son plateau le ministre de la Communication de la République du Congo Thierry Moungalla. L’occasion de faire avec lui, un tour d’horizon des questions d’actualité dans son pays. Actualité politique, actualité économique relative notamment au dossier du FMI, mais aussi l’actualité des médias dans le pays.

Africanews : Bonjour monsieur le ministre.

Thierry Moungalla : Bonjour ! Africanews : Le président de la République du Congo inaugure à Pointe-Noire, ici même dans la ville où se trouve Africanews, une turbine de la Centrale électrique du Congo. Dans un pays comme le vôtre, avec un potentiel hydroélectrique important, comment expliquer le déficit en production d‘énergie électrique d’une part et les délestages récurrents dans les villes de Pointe-Noire et Brazzaville notamment ?

Thierry Moungalla : Comme vous le savez, c’est un phénomène qui, malheureusement, est assez courant en Afrique. C’est que nous avons plusieurs phénomènes qui se sont greffés et qui expliquent effectivement le déficit en offre électrique dans nos capitales et dans nos villes ; et en tout cas dans toutes les zones urbaines de toutes les villes africaines. Alors, l’explication globale, c’est d’abord l’essor démographique qui est beaucoup plus rapide que la mise en place des infrastructures pour répondre à cette augmentation de la population dans nos villes. Une ville comme Pointe-Noire aujourd’hui c’est pratiquement 1 million, 1,5 million d’habitants. De même à Brazzaville. Donc, il est entendu que ce sont des villes qui, il y a quelques décennies, ne rassemblaient que quelques dizaines de milliers d‘âmes. Ça c’est le premier phénomène et la première explication.

Deuxième explication c’est que, il y a, du fait de cette augmentation de la demande, la nécessité à la fois de régler le problème de la production électrique et le problème de transport de cette production électrique vers des foyers de consommation. Cette problématique-là également pose problème. Comme vous le savez également, il y a un certain retard parce que les opérateurs publics qui sont chargés de ce service, malheureusement, on souvent des difficultés économiques et financières qui les ont empêchés de manière historique d’assurer la modernisation des insfrastructures de transport. Vous ajoutez à tout ça, la nécessité de produire et d’offrir, et donc, on règle le problème, comme on dit en marchant.

Africanews : En 2016, monsieur le ministre, le président de la République promettait aux populations de Pointe-Noire, la construction du barrage de Sounda. Où en est-on ?

Thierry Moungalla : Il y a toujours un temps de latence entre la prise de décision politique, les études techniques et la réalisation effective du projet. Nous en sommes aux phases techniques qui doivent être suivies par des phases de financement voire de bouclage du financement afin que nous allions vers la mise en œuvre du projet. Africanews : Le Congo-Brazzaville dans l’actualité c’est aussi et surtout les relations avec le Fonds monétaire international. Selon les rapports de presse, la dernière visite du Fonds monétaire, en rapport avec le déblocage de la deuxième phase de l’aide n’a pas été concluante. Qu’est-ce qui coïnce avec le FMI ?

Thierry Moungalla : Les relations entre le Congo et le FMI, et de manière globale tous les bailleurs de fonds et tous les partenaires internationaux qui nous accompagnent dans l’oeuvre de redressement, sont des relations normales. Il y a d’autres pays qui sont en programme. Et avec ces pays-là, le Fonds monétaire international, comme pour la République du Congo, connaît un certain nombre d‘étapes qui conduisent peu ou prou dans la bonne direction. Il y a de petits ralentissements qui peuvent être liés à tel ou tel événement, telle ou telle négociation. Il n’y a rien, d’un point de vue congolais, qui diffère de ce qui se passe avec les autres pays dans le programme.

Je viens maintenant plus techniquement sur la situation. Il y a, en gros, deux types de dossiers qui sont sur la table de travail du gouvernement en concertation avec le FMI. Le premier c’est la mise en œuvre d’une gouvernance débarassée d’un certain nombre de boulets, parmi lesquels, la corruption. Le gouvernement a pris des textes passés au Parlement, qui est en train de mettre en œuvre le processus de recrutement par exemple de la Haute autorité de lutte contre la corruption. Vous savez que c’est l’un des organes pivot totalement indépendant qui doit permettre au gouvernement, à l‘État, aux pouvoirs publics en général d’améliorer la gouvernance parce que le bâton du gendarme est souvent le moyen le plus sûr d’amener d‘éventuels comportements déviants à revenir à la norme.

Africanews : Cabale médiatique également lorsque les journaux français évoquent, avant de revenir sur la question des « biens mal acquis », le cas d’une dette qui serait cachée au niveau de la SNPC ? Est-ce que cela ne contribuerait pas à bloquer le FMI sur la question de la rétrocession de cette deuxième tranche ?

Thierry Moungalla : C’est la même cabale avec les ONG qui ont tenté cette guérilla avant que le Congo passe en conseil d’administration, comme je l’ai rappelé, en juin dernier. C’est la même cabale. On tente à tout moment d’essayer de faire dérailler le processus. Le Congo est en programme et à partir du moment où il est en programme, il est en train d’essayer de mettre en œuvre l’ensemble des engagements qu’il a pris avec la communauté financière internationale et notamment, le FMI. Le reste c’est du brouhaha, c’est du bruit, c’est de la clameur qui ne concerne pas la réalisation du programme entre le Congo et le Fonds monétaire international notamment. Africanews : Monsieur le ministre de la Communication, venons-en à la question des « biens mal acquis ». Il y a quelques jours, des journaux français ont évoqué la mise en examen par le Parquet national financier français du fils du président de la République du Congo, monsieur Denis Christel Sassou N’Guesso. En tant que ministre de la Communication, quel est votre commentaire ? Qu’est-ce que cette sortie médiatique vous inspire ?

Thierry Moungalla : Alors l’Agence France Presse nous a fait un communiqué il y a quelques jours, c’est un monument en termes d’absence de déontologie. Ils disent, “nous avons diffusé, il y a quelques jours, l’information de la mise en examen du fils du président de la République du Congo. Mais c’est parce qu’un avocat nous l’avait dit. L’information se révèle fausse, donc on supprime notre tweet”. Pas d’excuses, pas d’explications sur ce raté. C’est donc l’ensemble de cette presse qui doit, de mon point de vue, revoir ses méthodes. Je peux vous dire que depuis des années, nous sommes en butte à cette cabale qui est conduite à la fois par ces ONG dont le cynisme et l’objectif cynique est finalement d’humilier les autorités du Congo, du Gabon et de la Guinée équatoriale notamment. Nous sommes en butte à la pratique de leur métier de certains juges français qui étendent de manière absolument grotesque et de manière illégale leur compétence sur des affaires qui ne concernent pas la République française. Je suis désolé, il n’y a pas de contribuable français qui soit lesé dans ces affaires, si elles existaient. L‘État français n’est pas en préjudice. Il n’y a aucun intérêt à agir pour ces ONG et aucune compétence universelle à étendre ou à revendiquer pour les juges qui sont en train d’instrumenter sur ces dossiers.

Africanews : Monsieur le ministre, sortons par cette question. Il y a quelques semaines, vous avez pris la parole sur un dossier brûlant pour rassurer les employés de la chaîne Africanews, notre chaîne, sur leur avenir alors que des rapports de presse, encore une fois, annonçaient la fermeture de cette antenne. Où en est-on dans ce dossier en particulier ?

Thierry Moungalla : Comme vous savez, vous êtes à Pointe-Noire, parce qu’il y a tout simplement eu, il y a quelques années, cinq ans environ, un accord entre la chaîne Euronews, qui est votre maison-mère et les autorités congolaises. C’est dans ce cadre que ce projet panafricain qui nous tient à cœur a été exécuté et mis en œuvre depuis lors. Ce projet consiste à permettre de donner un angle, une vue, une optique africaine à l’information sur notre continent.

D’ailleurs, je constate que les personnels sont essentiellement africains. Je constate également, et vous pouvez en attester, que votre ligne éditoriale est totalement indépendante des autorités congolaises comme de toute autre autorité continentale. Vous pouvez en attester. J’y vois par exemple comme preuve qu’après quatre ans de présence dans mon ministère, bientôt cinq, c’est la première fois que vous me faites l’honneur de me convier sur votre plateau. Ce qui n’avait jamais été le cas jusque-là. Ce qui prouve qu’il y a effectivement de la part du gouvernement congolais, le soin de laisser le média croître, se développer et toucher son public. Ça c’est la situation.

Nous avons été avisés il y a quelques mois de la volonté des dirigeants d’Euronews de procéder à la vente du média pour des raisons que je n’ai pas à expliciter ici. Pour des raisons là également que je n’ai pas à expliciter ici, ils ont décidé de renoncer à la vente. Au moment où nous parlons, il y avait un risque que le média disparaisse. Je vous confirme de manière solennelle que nous ne souhaitons pas, nous le gouvernement congolais, pays dans lequel votre activité se développe, et est suivi sur l’ensemble du continent et au-delà, nous ne souhaitons pas la cessassion de votre activité.

Des discussions ont été engagées avec votre actionnaire de référence. Ces discussions nous rendent optimistes sur la possibilité que vous poursuiviez votre aventure dans les mêmes conditions, et peut-être même en améliorant quelque part à la fois le contenu et les objectifs encore plus ambitieux que ce qui avait été fixé au départ. Nous encourageons les choses pour qu’elles se passent comme cela.

Je voudrais ajouter un point qui me paraît essentiel et qui tient à cœur au ministre des médias que je suis. C’est que je considère que votre projet, celui d’Africanews, est un projet panafricain. Ce projet panafricain est animé par de jeunes professionnels, vous ! Techniciens, journalistes, Congolais ou venus d’ailleurs. Pour l’essentiel d’Afrique. Vous êtes des professionnels qui avez cru en ce projet. Vous avez fait des sacrifices à titre personnel ou professionnel pour venir là. Il me paraîtrait injuste que pour des raisons qui seraient liées à une absence de volonté de part et d’autre de poursuivre l’aventure, que cela vous préjudicie et cela tue, à la fois le projet lui-même, et crée une sorte de traumatisme dans les personnels.

Eh bien nous, c’est ce sur quoi nous travaillons avec l’actionnaire de référence. Nous pensons que le projet vaut la peine de se poursuivre.

Africanews : À Pointe-Noire ?

Thierry Moungalla : Écoutez, à Pointe-Noire, pour l’instant parce que vous êtes à Pointe-Noire. Mais l’idéal serait qu‘à un moment donné, que vous puissiez rallier la capitale politique. Il me semble qu’une chaîne d’information doit être plutôt dans la capitale politique plutôt que dans la capitale économique. Mais au Congo en tout cas. Au Congo.

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