Zimbabwe
Plusieurs milliers de Zimbabwéens ont défilé vendredi dans la capitale, Harare, à l’appel de leur gouvernement, pour dénoncer les sanctions imposées par les Occidentaux à leur pays, en proie à une crise économique catastrophique.
Emmenés par l‘épouse du président Emmerson Mnangagwa, Auxillia, les manifestants ont parcouru les rues de la ville derrière des banderoles telles que “les sanctions sont un crime contre l’humanité”.
L’Union européenne et les Etats-Unis maintiennent depuis près de vingt ans des sanctions contre le Zimbabwe, qui visent surtout la famille et les proches de l’ex-président Robert Mugabe, accusés de violences et de fraudes électorales.
Englué dans une crise économique interminable qui a précipité une large part de sa population dans la misère, le pays a aujourd’hui désespérément besoin d’investissements étrangers pour s’en sortir, et donc d’une levée des sanctions.
M. Mnangagwa, qui a succédé à M. Mugabe il y a deux ans après un coup de force de l’armée et du parti au pouvoir, essaie depuis vainement d’obtenir leur levée.
L’UE les a récemment réduites et le Fonds monétaire international (FMI) a repris langue avec Harare.
Mais à l’inverse, Washington a prolongé en mars dernier les sanctions contre Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa, un ancien cacique de son régime, et une centaine de personnalités ou entreprises zimbabwéennes.
Devant les manifestants réunis dans un stade largement vide de la ville, le président Mnangagwa a renouvelé vendredi son appel aux Occidentaux.
“Ca suffit. Retirez ces sanctions maintenant (…) nous savons parfaitement que ces sanctions ne sont ni intelligentes, ni ciblées”, a-t-il lancé, “leur impact sur nos vies quotidiennes est énorme et leurs conséquences terribles”.
‘Gestion catastrophique’
“Nous n’avons ni matériel, ni médicaments dans nos hôpitaux”, a déploré auprès de l’AFP un des manifestants, Themba Ndebele, “aujourd’hui nous voulons faire en sorte que nos voix puissent être entendues”.
Les Etats-Unis se sont défendus vendredi de ces accusations. “Nos sanctions ne sont pas responsables de la faillite tragique du Zimbabwe”, s’est défendu sur les réseaux sociaux l’ambassadeur américain à Harare, Brian Nichols. “La responsabilité en incombe à la gestion catastrophique de ceux qui le dirigent et aux abus du gouvernement contre ses propres citoyens”.
L’UE a rappelé de son côté que ses mesures ne visaient que les ventes d’armes et le couple Mugabe. “Elles peuvent être modifiées à tout moment, dès que le Zimbabwe démontrera que les conditions qui les ont imposées ont changé”, a tweeté vendredi son ambassade à Harare.
Washington et Bruxelles avaient dénoncé en janvier la violente répression qui avait visé les manifestants qui dénonçaient la hausse des prix du carburant.
Le principal parti d’opposition, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), a joint sa voix aux Occidentaux pour dénoncer les faillites du régime. “Le Zimbabwe en est là parce qu’il est dirigé par des hommes égoïstes et corrompus”, a-t-il dénoncé.
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont le Zimbabwe fait partie, a apporté son soutien à Harare en exigeant elle aussi la fin des sanctions.
“Mnangagwa a fait des efforts significatifs (…) pour relancer l‘économie”, a souligné le président zambien Edgar Lungu, “ces sanctions continues et contraignantes empêchent le pays de faire des progrès significatifs”.
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