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À la (re)découverte de Fatou Ghali, la première guitariste du Sahel

À la (re)découverte de Fatou Ghali, la première guitariste du Sahel

Niger

Première femme à jouer de manière professionnelle de la guitare dans le Sahel, Fatou Ghali fait aujourd’hui partie de ces perles musicales qui écument, avec son groupe, Les Filles d’Illighadad, de nombreuses scènes dans le monde.

À Illighadad, dans l’Ouest du Niger d’où elle est originaire, Fatou Ghali semblait avoir un destin tout tracé : celui de bergère. Son père, qui détenait alors du cheptel, n’hésitait d’ailleurs pas à le lui rappeler. « Arrête de perdre ton temps, tu devrais être occupée à prendre soin des vaches », s’est-elle souvenue dans un entretien avec The Guardian à l’issue du Womad festival, qui s’est tenu du 23 au 26 juillet dernier au Royaume-Uni. Pour la jeune fille, pourtant, le choix entre s’occuper du troupeau – de notoriété publique dans le Sahel – et la musique n’a pas été difficile à faire.

Fatou venait, en effet, de faire une rencontre qui allait la propulser le vaste univers qu’est la musique. Son frère Ahmoudou, qui revenait alors de la Libye, est rentré avec dans ses bagages, une guitare dont il est lui-même un joueur professionnel. En son absence, Fatou n’hésite pas à tirer sur quelques cordes. Elle n’a que 10 ans, mais débute pour elle une véritable épopée avec cet instrument dont l’histoire au Niger ne s’est jusque-là écrite qu’au masculin avec des maîtres tels que Bombino, Mdou Moctar et Ibrahim Ag Alhabib, de Tinariwen.

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En 2016, avec une amie, Mariama Salah Aswan et sa cousine percusionniste, Alamnou Akrouni, Fatou lance un groupe qu’elle nommera Les Filles d’Illighadad. Elle devient alors la première femme touarègue à jouer de la guitare de manière professionnelle. Peu de temps après la création du groupe Mariama Salah Aswan se retire pour fonder sa famille, laissant la place à Fatimata Ahmadelher, la deuxième guitariste touarègue, qui contribue également au chant et aux percussions.

À l’heure de la féminisation des débats, Fatou, la vingtaine aujourd’hui, ne revendique aucun féminisme que celui qu’expriment le nom de son groupe et la force qu’elle a su trouver pour s’imposer comme la première guitariste professionnelle du Sahel. Inspirée par la musique tende (tambour), takamba et hausa – un style folklorique du Nigeria – Fatou et Les Filles d’Illighadad espèrent surtout panser les plaies, apaiser les tensions ou tout simplement dispenser de l’amour à tous ceux qui les écoutent.

Une audience qui prend aujourd’hui de l’ampleur depuis le premier album éponyme du groupe, produit par Christopher Kirkley – un fan américain – qui avait entendu parler de Fatou et l’avait retrouvée dans son village. L’album, un panache de chansons folkloriques, de chansons d’amour et d’odes à la vie nomade, a déjà conduit le groupe dans de nombreux festivals. Eghass Malan, leur second album est déjà disponible et tout aussi plein de promesses.

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