Niger
La justice du Niger a condamné l’Etat de ce pays à verser 10 millions FCFA (plus de 15.000 euros) à une télévision locale temporairement fermée lors d’une manifestation interdite contre la loi de finances en 2018, a annoncé jeudi son avocat.
“Le tribunal de Grande instance hors classe de Niamey a constaté que la fermeture et l’interdiction d’accès aux locaux de la radio-télévision Labari du 25 au 30 mars 2018 constitue une voie de fait” et “condamne l’Etat du Niger à lui verser la somme de 10 millions FCFA à titre de dommage et intérêts”, a expliqué à l’AFP son avocat, Me Boudal Effred Mouloul.
Cette décision doit être exécutée avec effet immédiat, “même s’il (l’Etat) fait appel”, a-t-il relevé. Le 25 mars 2018, la police avait fermé “jusqu‘à nouvel ordre” cette télévision privée, appartenant à Ali Idrissa, une des figures de plusieurs mois de fronde contre la loi de finances.
Le ministre nigérien de l’Intérieur, Bazoum Mohamed, avait accusé cette télévision d’avoir notamment “appelé les gens à sortir” dans la rue et d’avoir “passé un message subversif de révolte” alors qu’une manifestation interdite qui avait dégénéré en violences avec la police était en cours à Niamey.
“Réouverture immédiate” ordonnée
Deux jours après la fermeture de ce média, un juge de référé l’avait jugée illégale et “ordonné sa réouverture immédiate“ ainsi que le départ des forces de l’ordre déployées devant son siège. “Mais Labari était restée fermée environ une semaine”, a affirmé jeudi Ali Idrissa à l’AFP.
Marou Amadou, le ministre de la Justice avait soutenu devant les députés que “le gouvernement n’avait pas eu (sur le champ) notification de cette décision” du juge de référé. Entre octobre 2017 et mars 2018, un collectif de la société civile, de l’opposition politique et de quelques syndicats avait organisé des manifestations pour demander “l’abrogation” de la loi de finances qu’il jugeait “antisociale”.
Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait estimé que cette loi de finances “répondait aux aspirations du peuple nigérien” et que sa contestation par “une minorité”, devait “s’exercer dans le cadre des lois en vigueur”.
AFP
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