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Mort de Tshisekedi : après le choc, les interrogations

République démocratique du Congo

La mort d’Etienne Tshisekedi le mercredi 1er février 2017 laisse l’opposition congolaise orpheline de son leader charismatique. Une disparition qui soulève beaucoup d’interrogation sur l’avenir politique en République démocratique du Congo.

Il aura été l’une des figures les plus marquantes de l’histoire politique de la République démocratique du Congo. Depuis son entrée en dissidence contre le défunt président Mobutu Sese Seko en 1980, Etienne Tshisekedi aura, jusqu‘à sa mort mercredi 1er février, incarné le visage d’un opposant intransigeant souvent décrié, à tort ou à raison, pour ses refus du compromis.

Le dialogue en RDC est-il menacé ?

Ironie de l’histoire, la disparition, à 84 ans, de l’opposant historique congolais intervient en plein dialogue politique entre l’opposition et le régime de Joseph Kabila pour trouver une solution à la longue crise politique qui mine le pays depuis plus mois. La nouvelle de la mort de celui qui fut pendant plusieurs décennies le chef de file de l’opposition vient du coup semer le doute dans l’esprit des Congolais quant à la survie des pourparlers en cours. Pour Tshitenge Lubabu, journaliste congolais, spécialiste de la RDC, il y a de quoi s’inquiéter. « On peut s’inquiéter dans la mesure où c‘était, malgré tout, une figure importante de l’opposition. On a vu qu’il y a eu consensus autour de lui. Maintenant qu’il qui n’est plus de ce monde, je pense que l’opposition aura du mal à trouver quelqu’un derrière lequel tout le monde pourra s’aligner pour négocier avec le pouvoir en place », pense-t-il.

Qui pour reprendre les rênes de l’UDPS ?

Mais il n’y a pas que l’avenir du dialogue politique en République du Congo qui inquiète désormais les observateurs après la mort d’Etienne Tshisekedi, qui referme une page de l’histoire politique congolaise. Une autre interrogation devrait animer les débats dans les prochaines semaines, celle de la succession du patriarche au sein de son parti, l’UDPS, miné par une bataille de lieutenants aux ambitions de chef. « Il n’est pas sûr que les choses seront simples parce que, au sein de son parti, il y a des oppositions à l‘émergence de son fils que certains n’estiment pas comme étant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Donc, l’UDPS devra passer des moments assez difficiles avant de retrouver un certain équilibre parce que trouver quelqu’un qui fasse l’unanimité, je crois que ce sera très compliqué », poursuit M. Lubabu.

Quel chef pour l’opposition de la RDC ?

Une question d’autant plus légitime que celui qu’on surnommait le « Sphynx » n’avait pas organisé sa succession. Et, plus globalement, c’est la question-même du nouveau visage de l’opposition qui interpelle. Le problème sera désormais de savoir qui sera en mesure de porteur le lourd fardeau de l’héritage d’un homme comme Etienne Tshisekedi, un homme qui a réussi à résister à tous les régimes qui se sont succédés en République démocratique du Congo, du maréchal Mobutu à Joseph Kabila, en passant par Kabila père. « Je pense que ce sera très difficile, d’autant plus que ceux qui sont là, dans le Rassemblement ou dans l’opposition, n’ont pas le même vécu que Tshisekedi qui s’est distingué vers la fin des années 70 début des années 80 en quittant les rangs du pouvoir en place pour entrer, avec d’autres personnes, dans l’opposition. Il a enduré beaucoup d‘épreuves qu’il a surmontées. Donc, trouver quelqu’un qui soit à sa hauteur, je pense que ce ne sera pas un exercice facile », estime Tshitenge Lubabu.

Pour l’opposition congolaise, le plus difficile restera donc de trouver un homme de compromis pour faire face à cet avenir incertain. Mais attendant, elle pleure d’abord la disparition de son chef, aux côtés des Congolais qui ont encore du mal à accepter la réalité de la mort de celui qu’il appelaient affectueusement « Tshitshi ». Un mythe qui s’est effondré. À jamais.

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