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Bama, au Nigeria : une ville traumatisée par Boko Haram

Nigéria

La ville de Bama, dans l’Etat de Borno, au Nigeria, revient de loin. Le passage de Boko Haram dans la zone n’a pas été de tout repos pour ses habitants. Bama est à refaire.

Libérée des griffes de la secte islamiste Boko Haram, les stigmates du passage des hommes d’Abubakar Shekau demeurent et la ville est à reconstruire. C’est une Bama aux allures de ville-fantôme qui s’ouvre à tout visiteur.

Colonel Adamu Laka, commandant militaire de Bama : « la ville Bama a été essentiellement détruite par Boko Haram. Sa plus grande partie a été rasée, comme vous l’avez vue. Nous espérons que la reconstruction commence sérieusement, de sorte qu’avec le temps, les populations de Bama puissent revenir dans leur ville. »

Le 19 février 2014, la ville Bama a été attaquée par les terroristes de Boko Haram. Plusieurs bâtiments ont été détruits à l’explosif ou incendiés, dont des bâtiments publics, le siège du gouvernement local et le domicile du plus haut dignitaire religieux de la région.

« Ce n’est pas une tâche (la reconstruction de Bama) que le gouvernement de l’Etat (de Borno) sera en mesure de faire seul, parce que nous avons tous vu le niveau de dévastation qui a eu lieu à Bama. Donc, ça va être une tâche pour tout le pays : le gouvernement fédéral, le gouvernement de l’Etat, les donateurs internationaux et les philanthropes », ajoute le colonel Laka.

Le 14 février 2014, les habitants de Bama ont appris par des villageois de Gombale que des jihadistes de Boko Haram se sont rassemblés dans le village, prévoyant une attaque sur la ville. Cette nouvelle provoqua l’exode de centaines d’habitants, qui ont fui en direction de Maiduguri.

Le lendemain, 15 février, près de Bama, les terroristes attaquèrent Izghe et sept autres villages sur les limites des Etats de Borno et d’Adamawa. Ils massacrèrent ainsi environ 170 civils, en majorité des chrétiens et 10.000 villageois prirent la fuite.

Mohammed Kanar, coordinateur du nord pour l’ Agence nationale de secours : « chaque jour, des personnes étaient libérées dans les zones contrôlées par Boko Haram. Notre vaillante armée a pu libérer ces personnes dans ces zones et les a immédiatement ramenées au camp des déplacés. Vous devriez les voir ce jour-là, quand ils ont été libérés. Des gens amaigris. Il y avait un homme adulte ; vous pouviez même compter ses côtes. »

Une ville et une région fortement ravagées par les terroristes

L’armée nigériane a fini par libérer la ville. Ce qui a permis aux organismes gouvernementaux d’aide d‘évaluer pour la première fois l’ampleur des dégâts humanitaires causés par les terroristes.

En effet, les stigmates sont profonds. Les militaires qui patrouillent dans les rues de Bama (deuxième ville de l’Etat de Borno) sont aux aguets, arme au poing, craignant les embuscades des jihadistes. Même le chauffeur du véhicule militaire garde une main sur son arme, conduisant avec l’autre main.

Se dirigeant vers Maiduguri, la capitale régionale de l’Etat de Borno, les soldats tirent sur toute forme jugée suspecte et s‘évertuent à débarrasser les lieux des mines et autres pièges laissés sur place par les terroristes de Boko Haram.

Ces mesures mettent en évidence le manque de sécurité dans l’Etat de Borno, malgré le succès de l’armée dans sa guerre contre Boko Haram, sur un territoire de la taille de la Belgique occupé il y a 18 mois par les islamistes.

Ces derniers ont laissé derrière eux, entre autres, des stations d’essence carbonisées, des fermes incendiées, et même des arbres détruits. Les routes dans la zone sont très dangereuses et les cultures manquent dans les champs. Les populations ayant fui dans la brousse pour échapper aux horreurs de la secte islamiste. Aux dires des Nations unies, jusqu‘à 5,5 millions de personnes dans le nord du Nigeria pourraient avoir besoin d’aide alimentaire cette année.

Des prévisions loin d‘être réjouissantes

L’Unicef de son côté a fait savoir le mois dernier qu’environ 500.000 enfants risquent d‘être frappés de « malnutrition aiguë sévère » dans la région autour du lac Tchad, traumatisée par la présence de Boko Haram.

L’avancée du groupe djihadiste a été freinée par l’armée. Mais cette dernière doit désormais faire face à de petits groupes de guérilla opérant en terrain boisé. Les soldats nigérians sont sous forte pression, afin de redonner aux routes leur état sûr de l‘époque. Une tâche qui s’annonce ardue.

A Borno, deux des trois centres médicaux ainsi que des cliniques, ont été partiellement ou complètement détruits. Jusqu‘à 49.000 enfants pourraient mourir cette année si l’aide ne parvient pas à temps, toujours selon l’Unicef. Ce chiffre, déjà alarmant, risque de grimper au fur et à mesure que les populations, qui quittent leur cachette en brousse, se retrouvent dans les villes. Ce qui du coup crée une surpopulation et dépasse les capacités déjà fortement entamées des centre de santé.

Boko Haram a déjà enlevé des centaines d’hommes, de femmes, et même des enfants. La secte a massacré jusqu‘à ce jour plus de 20.000 personnes depuis le début de son insurrection en 2009 et fait plus de 2 millions de déplacés.

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