Turquie
Située à seulement vingt kilomètres de la frontière iranienne, la ville turque de Dogubayazit se tient en alerte.
Alors que les affrontements s’intensifient de l’autre côté de la frontière, l’arrivée imminente de réfugiés iraniens ne fait plus guère de doute pour nombre de ses habitants. Si certains s’y préparent avec un esprit de solidarité, d’autres redoutent l’épuisement de ressources déjà fragiles.
« Nous sommes prêts à les accueillir. Des gens meurent. Nous ouvrirons nos maisons et partagerons notre pain. En tant que communauté frontalière – et en tant qu’êtres humains – nous savons ce que signifie aider. La guerre est une épreuve terrible. Si des familles arrivent, nous ferons notre possible », témoigne Hasan Elci, un résident de longue date.
À Dogubayazit, la tradition d’accueil est inscrite dans les mœurs. Marquée par l’histoire des mouvements de populations et par sa position géographique stratégique, la ville a vu passer de nombreuses vagues de réfugiés au fil des décennies.
« Nos portes sont ouvertes. Ici, personne ne demande la religion ou l’origine : si quelqu’un souffre, il est de notre devoir de l’aider. Nous l’avons fait par le passé, nous le referons », confie un commerçant local, revendiquant une fraternité sans conditions.
Mais cet élan de générosité n'efface pas les inquiétudes. La population de Dogubayazit garde en mémoire les conséquences de l’accueil massif des réfugiés syriens au cours des dernières années. Pour certains, la ville a déjà atteint un seuil critique.
« Nous avons été ébranlés par la dernière crise. Il suffit de regarder les marchés : les prix flambent, les familles peinent à joindre les deux bouts. Si une nouvelle vague arrive, comment allons-nous faire ? Où les loger ? Comment les nourrir ? », s’interroge un habitant.
D’autres vont plus loin, craignant que cette fois, l’effondrement économique et social ne les pousse eux-mêmes à quitter la région. « Nous ne trouvons déjà pas d’emploi. Si d’autres arrivent, que deviendrons-nous ? Honnêtement, nous aussi pourrions être contraints de partir. Voilà où nous en sommes », confie Cetin Kucukkaya, avec gravité.
Entre compassion sincère et fatigue sociale, Dogubayazit incarne les dilemmes des zones frontalières, prises au cœur des flux migratoires provoqués par les conflits contemporains. La ville s’apprête, une fois encore, à tendre la main.
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