Denis Mukwege
Le gynécologue congolais, fondateur de l’hôpital Panzi à Bukavu, a dressé un tableau alarmant de la situation dans son pays, ravagé depuis des décennies par les conflits armés.
« 26 millions de Congolais vivent dans l'insécurité alimentaire totale. 7,8 millions de Congolais n'ont pas de toit. Ce sont des personnes déplacées à l'intérieur du pays », a-t-il déclaré. « J'ai rencontré des familles qui, au cours des dix dernières années, n'ont pas pu rester plus de six mois au même endroit. »
Ces déplacements forcés, provoqués par les affrontements entre groupes rebelles et forces gouvernementales dans la région du Nord-Kivu, plongent les populations dans une précarité extrême. Denis Mukwege, surnommé parfois « l’homme qui répare les femmes », a été témoin direct de la dégradation continue des conditions de vie des civils.
Mais c’est surtout sur l’explosion des violences sexuelles que le médecin a tiré la sonnette d’alarme. « Nous sommes confrontés à une situation dramatique dans l'est de la République démocratique du Congo. La violence sexuelle est utilisée comme une arme de guerre », a-t-il dénoncé avec gravité.
En 2023, les Nations Unies ont recensé 123 000 cas de violences sexuelles dans le pays, soit une femme violée toutes les quatre minutes. « L’UNICEF a publié son rapport le mois dernier, et il est alarmant », a poursuivi Mukwege. « Nous pouvons corroborer ce rapport à l’hôpital de Panzi, où nous avons recensé 10 000 cas de violence sexuelle, dont 30 à 35 % de viols sur des enfants. La tendance est à une violence inacceptable, mais s’en prendre à des enfants, c’est dépasser toutes les lignes rouges imaginables. »
À Strasbourg, le médecin est venu plaider pour une action internationale renforcée. Il exhorte l’Union européenne à jouer un rôle plus actif dans les négociations de paix avec les groupes rebelles opérant dans l’est du Congo, une région riche en ressources minières mais en proie à une instabilité chronique.
Lauréat du prix Nobel de la paix en 2018 aux côtés de l’activiste yazidie Nadia Murad, Mukwege poursuit inlassablement son combat contre l’impunité des crimes de guerre et pour la reconstruction des vies brisées. Son appel à Strasbourg est un cri de détresse, mais aussi un appel à la responsabilité collective.
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