Trinité-et-Tobago
Mercredi soir, un petit auditorium de Port-d'Espagne, la capitale côtière de Trinidad-et-Tobago, a été le théâtre d’un débat animé sur les statues et monuments coloniaux. Les figures historiques comme Christophe Colomb ont été scrutées dans une discussion marquée par rires, applaudissements et éclats de voix.
Le gouvernement avait sollicité les avis des habitants des deux îles de l'est des Caraïbes concernant le retrait des statues, panneaux et monuments liés à l'époque coloniale. Au micro, des représentants d'origines variées – africaine, européenne et autochtone – ont partagé leurs points de vue.
Les opinions étaient diversifiées : certains ont proposé de déplacer la statue de Colomb dans un musée, tandis que d'autres ont plaidé pour sa destruction totale, allant jusqu'à suggérer que les citoyens puissent marcher sur les débris. Un intervenant a même proposé la création d'une « place des infâmes » pour regrouper les statues de figures coloniales.
La majorité des intervenants, au nombre de plus de vingt, ainsi que de nombreux commentateurs en ligne, ont soutenu la suppression des symboles coloniaux. Zakiya Uzoma-Wadada, présidente exécutive du Comité de soutien à l’émancipation des îles, a déclaré : « Il s'agit de savoir comment, après 62 ans d'indépendance, nous continuons de vivre dans un espace qui reflète les idéaux, la vision et les opinions de ceux qui étaient nos maîtres coloniaux. »
Ce débat survient alors que Trinidad-et-Tobago rejoint un mouvement mondial visant à éliminer les symboles coloniaux, alors que le pays s’interroge sur son passé et l’héritage à laisser aux générations futures. Cette audience publique intervient à peine une semaine après que le gouvernement a annoncé la refonte des armoiries nationales pour retirer les trois navires de Christophe Colomb – la Pinta, la Niña et la Santa María – et les remplacer par le steelpan, instrument de percussion emblématique du pays.
D'autres voix se sont élevées pour demander des changements supplémentaires. Eric Lewis, membre des Premiers Peuples, a exprimé : « Que fait encore la reine au sommet des armoiries ? Laissons-la reposer en paix. »
Trinidad-et-Tobago, d’abord colonisée par les Espagnols pendant près de 300 ans avant d’être cédée aux Britanniques pour plus de 160 ans, conserve encore des traces visibles de son passé colonial. Une statue de Christophe Colomb continue de dominer une place à Port-d'Espagne. Malgré son état de délabrement et la controverse qu’elle suscite, le National Trust de l'île la décrit comme « l'un des plus grands ornements de notre ville », une opinion que beaucoup contestent.
Le débat se poursuivra prochainement sur l'île sœur de Tobago, avec près de 200 propositions reçues par le gouvernement sur la marche à suivre.
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