Soudan
Ce lundi marque le premier anniversaire depuis le déclenchement de la guerre au Soudan. En l'espace de 12 mois, le conflit opposant l'armée sous le commandement du général Abdel-Fattah Burhan aux Forces de soutien rapide dirigées par le général Mohammed Hamdan Daglo a déjà coûté la vie à des milliers de personnes.
Selon les données des Nations unies, cette guerre a également contraint huit millions d'individus à quitter leur foyer pour rejoindre des zones plus sécurisées à l'intérieur du Soudan ou dans les pays voisins. Cependant, malgré cette crise humanitaire sans précédent, l'aide peine à atteindre les populations affectées, plongeant le Soudan dans une situation critique, au bord de la famine.
La sécurité alimentaire est devenue la principale préoccupation des agences humanitaires opérant dans le pays. L'IPC (Classification intégrée de la sécurité alimentaire) a alerté le mois dernier sur la nécessité d'une action immédiate pour éviter une catastrophe encore plus grave.
Selon leurs estimations datant de décembre dernier, environ 17,7 millions de personnes au Soudan sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, dont près de 5 millions sont au bord de la famine.
Dans l'État de Kassala, Adam Mohamed, Directeur général de la jeunesse et des sports et membre du Comité suprême des centres d'hébergement, déclare que le flux massif de personnes déplacées vers la région les empêche de fournir les services de base, notamment en matière de santé.
La production alimentaire s'est effondrée depuis le début du conflit, les importations ont été interrompues et les prix des denrées de base ont grimpé de 45% en moins d'un an, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
De plus, les déplacements de denrées alimentaires à travers le pays, notamment vers les zones rurales et isolées où vit la majorité de la population, ont été considérablement restreints en raison du conflit, poussant plus de 37% de la population au-dessus des niveaux de crise alimentaire, selon un récent rapport de l'OCHA.
Justin Brady, responsable de l'OCHA au Soudan, déplore la situation, rapportant des décès dus à la malnutrition et des cas où les gens se nourrissent de feuilles d'arbres ou ne mangent qu'une fois tous les trois jours.
Il en appelle à la communauté internationale pour qu'elle exerce des pressions sur les parties en conflit afin de mettre fin aux hostilités, pour qu'elle mobilise des fonds pour le plan de réponse des Nations unies - actuellement financé à seulement 5% pour cette année - et pour qu'elle permette un accès aux zones les plus touchées à Khartoum, au Darfour et dans la région du Kordofan afin de renverser le cours de la catastrophe avant qu'il ne soit trop tard.
Les habitants, eux, subissent les conséquences de cette crise. Afaf Abd Alrasool, une Soudanaise déplacée de Khartoum et actuellement résidente dans l'État de Kassala, témoigne des souffrances endurées par les enfants, en quête de nourriture, de soins médicaux et d'un abri décent.
Cette tragédie survient dix-huit mois après le coup d'État militaire dirigé par Burhan et Dagalo, qui a plongé le pays dans le chaos, mettant fin aux espoirs d'une transition démocratique après la chute du dictateur Omar al-Bashir en 2019.
Avec cette guerre et ses conséquences humanitaires dévastatrices, le Soudan se trouve confronté à l'une des périodes les plus sombres de son histoire, anéantissant les espoirs de paix et de prospérité pour sa population meurtrie.
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