Tanzanie
Figure centrale de l'opposition tanzanienne, Tundu Lissu est rentré mercredi de plus de cinq ans d'exil, acclamé par ses partisans, dans ce pays d'Afrique de l'Est, où le gouvernement a multiplié les signes d'ouverture ces derniers mois.
Tout sourire, en tenue marron, il a été accueilli peu après la mi-journée par des responsables de son parti Chadema à l'aéroport de la capitale économique Dar es Salaam.
Il a ensuite pris la route pour gagner un meeting prévu à une quinzaine de kilomètres de là, dans un trajet aux allures de bain de foule de plusieurs heures, saluant par le toit d'une voiture des milliers de partisans venus l'acclamer avec drapeaux aux couleurs bleu, blanc, rouge de Chadema et vuvuzelas.
"La vie en exil est très difficile", a confié l'opposant au défunt président John Magufuli, qui a passé l'essentiel des cinq dernières années en Belgique.
"Nous avons une lourde tâche devant nous au moment où nous débutons un nouveau chapitre", a-t-il ajouté.
Tundu Lissu avait annoncé son retour en Tanzanie le 13 janvier, 10 jours après l'annonce de la levée de l'interdiction des meetings politiques d'opposition par la présidente Samia Suluhu Hassan.
Cette interdiction avait été décrétée en 2016 par l'autoritaire John Magufuli, décédé soudainement en mars 2021.
"Nous ne pouvons pas continuer à vivre indéfiniment en exil", avait-il déclaré dans un discours diffusé sur YouTube. "2023 est une année importante dans l'histoire de notre pays", avait-il poursuivi.
Rencontre avec la présidente en 2022
Critique virulent du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM), Tundu Lissu était revenu brièvement en Tanzanie en 2020 pour concourir à l'élection présidentielle face au président John Magufuli, qu'il avait qualifié de "dictateur".
La victoire du sortant - avec un score officiel de 84% des voix - avait été contestée par l'opposition, qui avait appelé à manifester.
Après le scrutin, Tundu Lissu avait reçu des menaces de mort et s'était alors réfugié chez des diplomates étrangers avant de pouvoir quitter le pays.
Sous la présidence de John Magufuli, surnommé le "Bulldozer", élu pour la première fois en 2015, les rassemblements politiques ont été interdits, les dirigeants politiques de l'opposition emprisonnés et les médias intimidés.
Sa successeure Samia Suluhu Hassan est revenue sur plusieurs de ses politiques les plus controversées et a promis des réformes réclamées de longue date par l'opposition.
Mais l'optimisme suscité par ces premières décisions avait été quelque peu douché par l'arrestation en juillet 2021 du président de Chadema, Freeman Mbowe, et trois responsables du parti à Mwanza (ouest), où ils devaient participer à un rassemblement demandant des réformes constitutionnelles.
Après cette arrestation, l'opposition avait qualifié la présidente de "dictatrice".
Mais après sept mois de procès pour "terrorisme", les procureurs avaient finalement annoncé en mars 2022 abandonner les poursuites contre les quatre hommes, remis en liberté.
Quelques semaines plus tôt, Samia Suluhu Hassan avait rencontré Tundu Lissu, en marge d'un déplacement à Bruxelles, nourrissant les espoirs d'ouverture.
Cette semaine, le ministre tanzanien de l'Information a affirmé que le gouvernement prévoyait d'amender un projet de loi sur les médias qui, selon l'opposition et les ONG, restreint la liberté d'expression.
"La présidente Samia Suluhu Hassan, par l'intermédiaire de son gouvernement et de son parti, a montré qu'elle était prête pour un nouveau voyage. Nous devons démontrer que nous sommes également prêts pour cela", avait déclaré Tundu Lissu dans son discours du 13 janvier.
"Je rentre à la maison pour un nouveau départ de notre nation", avait-il ajouté.
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