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Inspire Middle East

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A Sharjah, aux Emirats arabes unis, la révolution de la communication est en marche

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Sharjah est un émirat qui compose les Emirats arabes unis (EAU). Avec un peu plus de 600 000 habitants, ce territoire est progressivement en train de s’ouvrir au monde extérieur, notamment grâce aux nouveaux moyens de communication. Inspire Middle East est parti à la rencontre de ceux qui œuvrent à cette “révolution”.

Lancée pour la première fois en 2012, pour sa neuvième édition, le Forum international sur la communication avec les gouvernements (FICG) réunit des experts de la communication mondiale pour explorer les meilleures pratiques dans le domaine. Parmi les principales questions abordées : quel impact ont les médias dans la formation de l’opinion publique ? Et de quelle manière une communication efficace peut profiter au corps et à l’esprit ?

Parmi les orateurs figuraient l’actrice Priyanka Chopra et la journaliste Michaelle Jean, ancienne gouverneure générale du Canada. Pour elle, “la communication est une question de respect – et pour respecter, il faut écouter, et en écoutant, il faut inclure”.

Ayant été nommée Gouverneure générale en 2005, Michaelle a promu la démocratie, la liberté et les droits de l’homme des Canadiens pendant cinq ans, inspirant une génération de jeunes hommes et femmes.

Durant son mandat, Michaelle Jean a rencontré un homme qui l’a marquée : le président Obama, à peine élu. Selon elle, ils partageaient ensemble une vision de la “bonne communication”, ils avaient tous les deux aussi la conviction d’écrire l’histoire.

“La première chose que nous nous sommes dite est : “Qui aurait cru que le commandant en chef des États-Unis et le commandant en chef du Canada seraient tous deux d’origine africaine et en fonction en même temps ? C’est une chose que nous partageons : l’importance de l‘écoute”

Si le FICG a choisi d‘élire domicile à Sharjah, ce n’est pas un hasard.Pendant près de cinquante ans, ses dirigeants ont utilisé la communication comme moteur de “changement positif” dans la société. Son conseil des médias est dirigé par le Cheikh Sultan bin Ahmed Al Qasimi, qui a créé et restructuré en 2009 la télévision et la radio de Sharjah. Nous l’avons rencontré.

Rebecca McLaughlin-Eastham : Votre Altesse Royale, bienvenue dans Inspire Middle East. Dans le passé vous avez parlé d’une révolution des communications qui est apparue grâce à la nouvelle ère des médias. Une révolution implique que le changement est nécessaire d’une manière ou d’une autre. Quel en a été le catalyseur ?

Cheikh Sultan bin Ahmed Al Qasimi : J’ai travaillé à une époque où la télévision était centrale et le téléphone mobile un écran secondaire. Aujourd’hui, le portable est le premier écran et la télévision le deuxième. En tant que gouvernement, en tant que fonctionnaires, nous devons être aussi rapides que tout le monde avec la technologie. C’est donc une révolution.

Comment qualifier la presse à Sharjah ? Comment décririez-vous le paysage médiatique et comment voulez-vous le faire évoluer ?

A Sharjah, nous étions très fermés. Beaucoup d’institutions, à Sharjah, ne voulaient pas être ouvertes au public et aux médias. Mais maintenant, nous leur montrons qu’il est normal d‘être ouvert. Il est normal de parler de ce qui se passe bien ou moins bien. Si vous avez un problème et que vous le dites, c’est mieux que si quelqu’un d’autre en parle. Nous nous améliorons à Sharjah. Nous faisons avancer les choses.

En parlant de transparence et d’ouverture, quelle est votre opinion sur une presse plus libre ici aux Emirats Arabes Unis et sur une plus grande liberté d’expression ?

Je pense qu’il y a une ligne très mince entre être libre de parler et être, si je peux dire, grossier. Mais je pense que notre culture comprend cela. Nous avons la liberté d’expression, mais nous avons aussi une éthique à laquelle nous adhérons. Nous regardons toujours le côté positif de la liberté d’expression et nous y sommes en réalité tous favorables.

Dans quelle mesure pensez-vous que l’opinion publique se construit, que les attitudes soient façonnées par les informations communiquées par le gouvernement ? Et enfin cela devrait-il être le cas ?

Je pense que c’est une route à double sens. Le public devrait être capable de convaincre les gouvernements de faire les choses qu’il souhaite, au bout du compte le gouvernement est là pour le servir. Tout le monde a une opinion. Tout le monde a une bonne idée. Tout le monde peut partager ses idées, même avec le gouvernement, et nous ouvrons nos portes au public. Beaucoup de choses survenues dans l‘émirat de Sharjah sont à l’initiative des citoyens.

Votre Altesse, vous avez été franc en disant que l’un des défis de ces dernières années a été de changer la perception de Sharja qu’ont les gens . Je dois donc vous demander, comment Sharjah était considéré à l‘époque et comment cela a-t-il évolué aujourd’hui ?

Je pense que les gens qui étaient à Sharjah, disons il y a quinze ans, pourraient remarquer une grande différence dans notre façon de communiquer. Ils verraient certainement que dans le passé, beaucoup d’institutions à Sharjah avaient une politique de fermeture. Si vous ne parlez de rien, personne ne le saura, mais c’est aussi le moment d‘être clair et de dire la vérité.

Au regard de l’histoire, on peut dire que certaines parties du monde et certaines organisations médiatiques ont dépeint le monde arabe sous un jour particulier. Il n’est pas facile de contrôler ou d’influencer cela. Quel est votre point de vue ?

Je pense que si vous avez besoin que votre portrait soit flatteur, c’est vous-même qui devez le faire. Et je pense qu’il faut toujours avoir les bons outils et la manière correcte d’en parler.

Nous devons aborder la question de COVID-19, qui fait la une des journaux du monde entier. Êtes-vous d’accord avec ceux qui disent que les médias sont en quelque sorte responsables de la panique provoquée par ce virus et que c’est aux gouvernements de calmer les gens ?

Pour moi, le gouvernement devrait toujours être celui qui apaise les gens. Mais je pense aussi qu’il devrait le faire d’une manière appropriée, scientifique. Les Emirats arabes unis ont fait du bon travail en affirmant qu’il faut être transparent, en précisant le nombre de cas et la façon dont ils sont traités, et en rappelant qu’il faut être prudent.

Lutter contre les “Fake news” en temps d‘épidémie

Alors qu’un virus comme le COVID-19 représente une menace potentielle pour les pays du monde entier, les gens se tournent vers de nombreuses sources d’information.

Inspire Middle East décortique ces données et analyse la manière dont les bonnes et les mauvaises nouvelles sont diffusées et interprétées. Avec le COVID-19 qui concentre toutes les attentions, repérer les fausses informations est primordial. Ce qui est peut-être d’autant plus vrai au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une zone qui a vu son premier cas confirmé fin janvier.

Aux Emirats arabes unis, les autorités sanitaires cherchent à diffuser les bons messages. Selon le Dr Hind Al Awadhi, de l’Autorité sanitaire de Dubaï, beaucoup de fausses informations circulent. “Les gens pensent que c’est une maladie qui se transmet dans l’air mais cette idée n’est pas assez précise. Le coronavirus est transmis par des gouttelettes contaminées, par la toux, par les éternuements ou par une surface ou une zone contaminée”.

Pour se sentir en sécurité, selon le Dr Hind, les gens suivent des tendances comme le port du masque, ce qu’elle déconseille. “En mettant et en ajustant le masque, si vous avez les mains contaminées, vous risquez de transférer les germes sur votre visage”, explique-t-elle.

Selon certains experts, une infodémie – c’est-à-dire une quantité excessive d’informations, exactes ou non – se déroule en ce moment dans le monde entier. Ce qui signifie que des informations “potentiellement fausses” pourraient se propager plus rapidement que le virus lui-même.

L’OMS a déclaré que la désinformation et la peur sont parmi les plus grands défis auxquels ils sont confrontés actuellement. Sur son site internet, une section est consacrée à la lutte contre les fausses rumeurs, comme celles qui prétendent que la consommation d’ail ou la pulvérisation de chlore sur tout le corps peuvent tuer le virus.

Dans la région, certains rassemblements publics ont été annulés et des écoles ont été fermées par crainte d’une contamination importante.

Selon l’OMS, le partage de données par les gouvernements contribue à réduire l’anxiété sociale. Le docteur Ahmed al Mandhari travaille pour l’organisation.

“Cela réduira la panique et la peur qui sont couramment observées dans les situations d’urgence, en particulier lorsqu’il s’agit d‘épidémies. L’OMS recommande en permanence de partager les informations, de manière transparente et en temps utile”.

Toujours d’après l’organisation, les gouvernements devraient utiliser des plateformes qui s’adressent aux citoyens surtout dans la région, où les gens comptent peu sur les médias pour s’informer.

“Les citoyens de ces pays utilisent les médias sociaux comme l’une de leur principale source d’information. Et comme l’un des outils majeurs pour partager ces informations, beaucoup plus que dans d’autres pays du monde”, analyse le médecin.

Souvent inexactes, les rumeurs en ligne sur les maladies infectieuses ne sont pas nouvelles. Selon le Dr Ammar Al Banna, psychiatre pour enfants, certains parents refusent de vacciner leurs enfants contre la rougeole. “Ils croient que cela pourrait provoquer des maladies comme l’autisme, en se basant sur des informations diffusées sur les réseaux sociaux. Certains enfants ont donc eu la rougeole, et la rougeole peut se propager très rapidement. Il y a eu des décès”.

En bref, voici les conseils des médecins. En cas de doute, faites confiance à des sources fiables. Ne les consultez pas plus d’une fois par jour, pour être tranquille. De sorte que les seules choses qui deviennent virales soient les bonnes pratiques sanitaires.

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