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Zimbabwe : à moins de 48h des manifestations de l'opposition, la peur gagne du terrain

Zimbabwe : à moins de 48h des manifestations de l'opposition, la peur gagne du terrain

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Le Zimbabwe se prépare à plusieurs journées de manifestations qui devraient débuter dès ce vendredi 16 août. Entre le gouvernement qui a prévenu qu’il ne laisserait prospéré aucun débordement, et l’opposition qui se dit déterminée à faire entendre sa voix, les prochains jours inquiètent le pays.

Le souvenir des manifestations de janvier dernier est encore vif dans l’esprit des Zimbabwéens. Treize morts, des centaines de passages à tabac et viols – selon les rapports – avaient sanctionné la série de manifestations de l’opposition et des syndicats pour protester contre la violente crise économique qui frappe le pays.

Ce souvenir a beau laisser des tâches noires dans le pays, il n’a guère entamé la position du parti au pouvoir – le Zanu-PF qui avait ordonné la répression brutale des manifestants – et de l’opposition qui n’ont pas bougé de leurs lignes. Le mois dernier encore, de hauts responsables du Zanu-PF ont déclaré que la constitution permettait au gouvernement de déployer l’armée pour faire face aux manifestants et avertissait que des soldats étaient entraînés à tuer. « Un homme averti, c’est un homme fort », a déclaré l’un d’eux sommant les manifestants de rester chez eux.

Des menaces évidentes face auxquelles ne comptent pas abdiquer les opposants ainsi que les syndicats. Ils dénoncent notamment les mesures d’austérité initiées par Harare afin de faire face à la crise économique, mais qui rétrogradent les populations dans un quotidien de plus en plus difficile. Les prix des produits de première nécessité ont grimpé de façon exponentielle, tandis que la rareté des devises provoque une pénurie de médicaments et autres produits de première nécessité.

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Pour Nelson Chamisa, le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, principal parti de l’opposition), il est temps de se débarrasser du « joug de l’esclavage » du Zanu-PF, qui dirige le pays depuis près de quatre décennies. « Nous (…) continuerons à nous battre … Nous serons dans la rue très bientôt pour pousser le gouvernement à régler ce problème », a renchéri Obert Masaraure qui dirige un syndicat d’enseignants qui regroupe plus de 30 000 âmes. « Ils célèbrent les excédents budgétaires, mais ne paient pas les travailleurs, il n’y a pas de médicaments … Ils devraient avoir honte d’eux-mêmes », a-t-il ajouté dans un entretien avec The Guardian.

Les manifestations qui doivent débuter ce vendredi 16 août interviennent plus d’un an après l’arrivée au pouvoir du président Emmerson Mnangagwa avec la bénédiction de l’armée qui avait destitué le vétéran et père de l’indépendance Robert Mugabe en novembre 2017.

Mnangagwa, venu avec la promesse de rebâtir le pays en ramenant notamment les investisseurs, doit toutefois solder les dettes massives contractées sous le régime de Mugabe et obtenir un plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars pour éviter un effondrement économique. Cependant, la répression persistante et le manque de réformes politiques concrètes rendent les institutions internationales sceptiques à soutenir la politique du nouveau gouvernement.

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Lors des manifestations de janvier, des centaines d’activistes ont été arrêtés avant d‘être relâchés. Des dizaines d’entre eux font encore face à des accusations de subversion et encourent de lourdes peines de prison. Le syndicaliste Obert Masaraure, arrêté cinq fois depuis décembre, s’inquiète ainsi pour les membres de sa famille, alors qu’il se dit victime d’un harcèlement du gouvernement.

Le gouvernement lui, dénonce « une opposition très imaginative qui tente de créer de l’anarchie et de présenter le gouvernement comme un homme violent … En tant que jeune démocratie, nous apprenons, mais nous n’avons pas besoin d‘être punis pour suivre notre courbe d’apprentissage », a notamment déclaré Energy Mutodi, le vice-ministre de l’Information.

En cas de nouvelles violences, c’est certainement le Zimbabwe entier qui en pâtira alors que les bailleurs de fonds internationaux conditionnent leurs aides à l’expression de la démocratie. Des exigences réitérées lors de la répression brutale des manifestations de janvier, mais aussi d’août 2018 qui ont sanctionné le scrutin présidentiel.

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