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Inspire Middle East : dans le Sultanat d'Oman, la ruée vers l'or liquide

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Au programme d’Inspire Middle East cette semaine :

  • A Dubaï, nous partons à la rencontre de Molham Homsi, plus connu sous le nom de Moh Flow, un rappeur syrien en pleine ascension.
  • En Egypte nous rencontrons des fans de football américain, qui essayent d’élever cette discipline au rang de sport national.
  • Enfin, nous découvrons une face méconnue du Sultanat d’Oman, un pays qui produit plus de 600 tonnes de miel chaque année.

Déconstruire les stéréotypes sur le rap

Lorsque l’on parle de rap et de hip-hop, on ne pense généralement pas au Moyen Orient. A Dubaï, un compositeur-interprète essaye pourtant de changer cela. Molham Homsi, 27 ans, aussi connu sous le nom de Moh Flow, entend se hisser au sommet.

Ce jeune chanteur a déjà atteint une certaine notoriété. Depuis ses débuts en 2005, ses musiques ont été écoutées plus de 11 millions de fois sur des plateformes de streaming. Il compte également près de 20 000 adeptes sur les réseaux sociaux.

Moh Flow a joué à New York, Los Angeles, Toronto et aux Emirats Arabes Unis, et a collaboré avec le rappeur américain Pusha T.

Son dernier album, intitulé Faith, est une rétrospective personnelle, sur sa vie, ses amours et ses déceptions. L’interprète espère ainsi mettre fin aux stéréotypes sur le rap et le hip-hop arabe.

Né en Syrie et élevé en Arabie Saoudite, il vit désormais à Dubaï. Selon lui, ces déplacements fréquents ont eu une influence positive sur son travail : “Je n’avais pas de foyer fixe et je n’avais pas toujours les mêmes amis, explique Moh Flow. Donc j’avais besoin de quelque chose de stable dans ma vie, et ce quelque chose a toujours été mon amour pour la musique.”

Ces dernières années, le rappeur est passé à la chanson, après avoir estimé que la diction rythmée du rap était trop limitante. Avec ses sonorités mélancoliques, le R&B lui permet d’exprimer davantage d’émotions et d’être plus créatif.

N’imaginez pas toutefois qu’il écrive des chansons à l’eau de rose : ses textes colorés comportent de nombreuses insultes. Mais cela ne l’empêche pas d’attirer de nouveaux fans.

“Les adultes du monde entier doivent surveiller leurs jeunes et nous devons rester libres d’exprimer qui nous sommes, affirme-t-il. Mais nous devons aussi faire preuve de vigilance et veiller à ce que les jeunes puissent écouter notre musique, s’ils s’y intéressent. Nous ne voulons pas être de mauvais exemples ou de mauvais modèles, mais les deux versions doivent coexister quelque part.”

Pour Moh Flow, les jeunes rappeurs qui veulent se lancer dans la région du golfe se heurtent à trop d’obstacles. Et les infrastructures musicales sont insuffisantes, contrairement à l’Europe ou les Etats-Unis

“Ils ne sont pas pris au sérieux et on ne favorise pas leur talent, s’indigne le rappeur. Donc oui, il y a beaucoup de jeunes artistes talentueux qui arrivent sur le marché, mais il n’y a pas l‘écosystème suffisant pour qu’ils grandissent et prospèrent. Il n’existe pas de petits événement où ils peuvent acquérir de l’expérience, et il n’y a pas de niveau supérieur.”

Pour contourner le système et éliminer les intermédiaires, Moh Flow enregistre et produit seul tous ses morceaux. Il montre ainsi qu’être indépendant n’entrave pas les ventes et la distribution.

“Je pense que c’était la meilleure chose à faire, car on fait la même musique ici que celle qui a été enregistrée dans des studios à 100 000 dollars, et elle figure à la même place dans les palmarès. Donc ça me laisse un budget plus important pour la commercialisation de ma musique. Et c’est pour ça que mes chansons ont été écoutées 6 à 7 millions de fois en streaming. On devait mettre en place une stratégie.”

Une stratégie que Moh Flow a élaboré avec son frère aîné, surnommé A.Y. Producteur reconnu, ce dernier a travaillé avec le gagnant de X Factor Middle East de 2015, Hamza Hawsawi. Mais malgré sa connaissance de l’industrie du divertissement, A.Y n’a pas immédiatement pris son frère sous son aile.

“Vous savez, c’est une affaire de petit frère, grand frère. Quand j’avais 11 ou 12 ans, je suis allé à son premier concert en Arabie Saoudite. Je l’ai vu se produire devant 400-500 personnes et c’est la première chose qui m’a fait dire : “C’est ça que je veux vraiment faire ! Moi aussi je veux me produire devant les gens, je veux faire de la musique, je veux être un artiste.” À un moment donné, il a entendu ce que je faisais, puis il m’a emmené en studio et j’ai dû travailler dur. Je devais prouver que j’avais du talent”, conclut Moh Flow.

En Egypte, l’ascension du football américain

Depuis que le football américain est arrivé sur le sol égyptien, des centaines de jeunes athlètes disent ne plus pouvoir se passer de cette nouvelle passion. L’Egypte est le seul pays d’Afrique qui possède une ligue nationale.

Selon Mohei Omar, qui entraîne les Guc Eagles au Caire, le football américain est de plus en plus populaire dans le pays, même si sa version classique règne toujours en maître : “Les choses se passent bien pour la communauté du football américain en Egypte. Ce sport a connu une montée en puissance depuis 2014. Maintenant, nous avons atteint près de 1000 joueurs actifs, hommes et femmes. Nous avons commencé avec 5 équipes, et maintenant il y en 16.»

Toutefois, les fans sont pour la plupart issus des quartiers chics. Un signe qui montre que cette discipline n’est pas encore très répandue, dans un pays de près de 100 millions d’habitants.

Comme aux Etats-Unis, les clubs ont adopté des noms virils, comme les Chiens de l’enfer, les Guerriers, les Loups ou encore les Titans

Mais malgré toute l’énergie de la communauté, le football américain doit surmonter de nombreux obstacles. Et en premier lieu, le manque de financements, comme l’explique Amr Hebbo, le président de la Fédération égyptienne de football américain : “Nous avons besoin de beaucoup plus de soutiens financiers de la part de sociétés et d’entreprises qui s’intéressent au jeu et à la communauté que nous avons bâtie. Grâce au soutien que nous obtiendrons de nos sponsors lors des prochaines années, nous investirons beaucoup d’argent pour nos entraîneurs et nos arbitres.»

Même s’ils n’ont pas encore d‘événements aussi populaires que le Super Bowl aux Etats-Unis, les jeunes fans de football américains sont sûrs que leurs équipes participeront un jour à des compétitions internationales.

Pour Mohei Omar, ce sport possède tout ce qu’il faut pour se développer dans le pays : “Ce qu’il y a de bien avec le football américain, c’est qu’il requiert beaucoup de courage et de cœur. Et je pense qu’en tant que culture et en tant que communauté, les Égyptiens ont cela en eux. Ils ont le potentiel, ils ont du cran, du cœur et de la passion.”

Le miel à Oman, un business à 35 millions d’euros

Dans les montagnes Al-Hajar à Oman, on peut trouver d‘étranges rondins de bois creusés. Ces derniers sont en fait … des ruches. Cette méthode d’apiculture vieille de plusieurs siècles s’est transmise de générations en générations.

Comme l’explique notre reporter Rosir-Lyse Thompson, c’est la méthode traditionnelle d’apiculture au Sultanat d’Oman. Les abeilles forment une ruche dans un palmier évidé, et l‘épaisseur du tronc leur permet d‘être protégées en hiver comme en été.

Dans le pays, on trouve encore des chasseurs d’abeilles. Cette tradition omanaise consiste à suivre les abeilles depuis leur source d’eau jusqu’aux ruches naturelles, cachées dans les montagnes.

Mais ces techniques anciennes sont en train de disparaître. Selon Hassan Al Lawati, ministre de l’agriculture et chercheur en apiculture, la plupart des apiculteurs du pays se sont tournés vers les ruches modernes, plus rentables.

“C’est plus facile d’observer, de voir la situation de la ruche, si les abeilles sont actives ou malades, ou si elles ont besoin de nourriture. Mais avec le tronc, tout cela est difficile”, raconte-t-il.

Ces dernières années, l’apiculture a beaucoup fait parler d’elle. Les Omanais sont attirés non seulement par le goût sucré du miel, mais aussi par ses propriétés médicinales et curatives. Des “cliniques d’abeilles” sont apparues à Mascate.

Avec les réserves pétrolières qui s’amenuisent, le gouvernement d’Oman essaye de diversifier son économie. Des formations apicoles gratuites ont donc été organisées, dans l’espoir de développer cette industrie et faire baisser le chômage.

Le pays compte désormais plus de 5000 producteurs de miel et près de 100 000 ruches. L’année dernière, 600 tonnes de miel ont été produites, rapportant un total de 35,5 millions d’euros.

“L’expansion va dans les deux sens : les gens essaient de se lancer dans le commerce du miel et d’adopter des méthodes de production plus innovantes, explique Mir Adil Ali, responsable de l’entreprise National Natural Honey. Ils voient beaucoup de possibilités pour le miel, car le niveau de consommation d’Oman est bien plus élevé que dans la plupart des pays du Moyen Orient.”

Grâce à sa grande variété de paysages, Oman produit de nombreux types de miel. Les fleurs d’Acacia dans les montagnes du nord donnent le miel d’Al Somer, tandis que les arbres à encens dans le sud produisent le miel d’Al Luban.

Avec une demande plus forte que l’offre, les prix du miel peuvent s’envoler. Un pot d’Al Luban coûte parfois jusqu’à 80 euros.

L’attrait pour cet or liquide n’a jamais été aussi fort. Mais avec une nouvelle génération d’apiculteurs recherchant davantage de profits, la production traditionnelle de miel à Oman pourrait bientôt être perdue.

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