Egypte
Le Parlement égyptien doit voter cette semaine un projet de loi sur des amendements constitutionnels qui devraient renforcer le pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi, et lui permettre de gouverner jusqu’en 2030. En absence d’une opposition sérieuse, le camp du président est sûr de l’emporter.
Mardi, la modification des grandes lignes de la Constitution égyptienne devrait massivement être validée par les députés, déclenchant dans la foulée un référendum. Ce scrutin référendaire devrait alors entériner 14 amendements, ainsi que neuf nouveaux articles, déjà adoptés lors de sessions précédentes. L’un de ces amendements vise à porter la durée maximale du mandat présidentiel à deux fois six ans, contre deux fois quatre ans actuellement.
L’approbation de ce texte permettrait ainsi à M. Sissi de non seulement rallonger son mandat actuel de 2 ans, mais encore, de se représenter à la présidentielle de 2024 pour un mandat de six ans, soit jusqu’en 2030. La nouvelle loi fondamentale de l’Egypte donnerait par ailleurs le pouvoir judiciaire au président égyptien à qui reviendrait le privilège de nommer les juges, et augmenterait le pouvoir politique de l’armée.
Ancien général de l’armée, Abdel Fattah Al-Sissi a été élu une première fois en 2014, à la suite d’un coup d‘État qui a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi l’année précédente. Il a été réélu en mars 2018 avec plus de 97 % des voix. Sa tentative d‘étendre son pouvoir intervient alors que les dirigeants du Soudan et de l’Algérie voisins sont tombés dans des manifestations populaires après des décennies de pouvoir.
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En Egypte, cependant, l’opposition semble avoir été réduite à sa plus simple expression depuis la prise du pouvoir par les militaires. Les manifestations de rue sont interdites et les partis d’opposition qui ont voulu s’opposer à l’amendement constitutionnel ont depuis été réduits au silence.
Alors que les affiches promouvant le référendum et l’amendement constitutionnel sont visibles dans les rues de la capitale, aucune sur la dissidence n’a été aperçue. Une coalition du parti d’opposition à la nouvelle Constitution et du Mouvement démocratique civil, qui avait été créée pour s’opposer aux changements, a déclaré que ses tentatives d’exprimer sa dissidence avaient été étouffées. Dix membres du parti Constitution ont été arrêtés pour s‘être opposés aux amendements.
“Un total de près de 120 personnes ont été arrêtées appartenant à des partis d’opposition légaux et à d’autres groupes pro-démocratie”, a déclaré Khaled Dawoud, un membre du parti.
L’introduction des propositions d’amendement au Parlement a également soulevé des protestations parmi les organisations de défense de droits humains, qui dénoncent régulièrement l’autoritarisme du gouvernement de M. Sissi.
Human Rights Watch avait par exemple dénoncé les amendements car ils “donneraient aux forces armées l’autorité d’intervenir dans le gouvernement, affaibliraient l’indépendance judiciaire et renforceraient le pouvoir exécutif”.
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