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RDC-Centrafrique : quand les barrages routiers financent les groupes armés

RDC-Centrafrique : quand les barrages routiers financent les groupes armés

République démocratique du Congo

S’ils ont des racines politiques, les conflits armés à l’est de la RDC et en Centrafrique sont en grande partie financés par des « taxes » prélevées sur les populations au niveau des barrages routiers érigés par les acteurs. C’est en tout cas ce que révèle un rapport de l’International Peace information service (IPIS).

On pourrait désormais en savoir davantage sur les sources de financement des groupes armés qui sèment la terreur depuis près de 20 ans à l’est de la République démocratique du Congo et près de 4 ans en République Centrafricaine. Grâce notamment au rapport rendu public ce mercredi par l’IPIS, institut belge de recherche, en collaboration avec l’Institut Danois d’Études Internationales (DIIS).

Le document fait état de “plus de 1.000 barrières routières en République démocratique du Congo et en République Centrafricaine (RCA)”. Près de 80% de ces barrages sont érigés dans les provinces congolaises du Nord et Sud-Kivu et les 20% restant en RCA, d’après le rapport. L‘étude parle aussi “d’une présence armée constatée dans 2 barrières routières sur 3. “En RDC, les routes sans barrières sont rares. Tout ce qui bouge est taxé”, affirme Peer Schouten, coordinateur de cette recherche. “Les femmes qui vont au marché, les agriculteurs qui se rendent aux champs, les négociants au marché … Nous avons été surpris par la densité des barrières routières”, ajoute-t-il.

Dès lors, « les barrages routiers jouent un rôle clé dans les mécanismes de financement” d’une panoplie d’acteurs armés en République démocratique du Congo et en Centrafrique, deux pays d’Afrique centrale en proie aux conflits.

Des éléments de l’armée régulière impliqués

De quoi peut-être apporter des précisions par rapport à l’opinion selon laquelle les minerais sont la principale cause et source de financement des violences en RDC et en RCA. « L’IPIS met littéralement les barrières routières sur la carte en tant que moyen clé de financement des conflits” dans ces deux pays d’Afrique centrale, au-delà des minerais extraits dans des zones de conflit.

Un constat partagé par des spécialistes. “Les experts du financement des conflits ont toujours su que les rebelles ne comptaient pas uniquement sur les revenus des sites miniers. Cependant, sans données à grande échelle des autres mécanismes de financement, il était difficile d’en comprendre leur ampleur”, explique le rapport.

“En RDC, les minerais ne représentent que la moitié des ressources naturelles taxées aux barrières routières. Des groupes armés comme le FDLR et Nyatura, ainsi que des éléments indisciplinés de l’armée congolaise, ont des stratégies de prédation beaucoup plus diversifiées, notamment sur la taxation des produits agricoles, du charbon de bois et du bois”.

Mais, ces éléments de l’armée congolaise ne s’arretent pas à la simple taxation des produits des populations. Selon l’ IPIS, ils sont impliqués dans l’exploitationillicite des ressources naturelles comme le bois. « Des camions sont chargés sous la supervision des soldats le soir dans les points de collecte des braises à la limite du parc, et font le transport la nuit pour ne pas être arrêtés par les services étatiques (non-armés). Les camions militaires déchargent ensuite auprès de certains dépôts urbains à Goma dont les commerçants sont impliqués dans l’affaire. Selon plusieurs sources, autour de 4 ou 5 camions militaires font la navette entre le PNVi et Goma, à raison de 2-3 trajets par semaine », révèle le rapport. Conclusion, « les FARDC sont plus compétitives, car elles ne doivent pas payer les taxes qu’elles imposent aux autres vendeurs ».

Un rapport qui semble accabler davantage la RDC dont les autorités sont souvent mises en cause par des Ong dans de nombreuses violations des droits de l’homme.

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