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Tensions Pretoria-Washington : Ramaphosa tente de rétablir le dialogue avec Trump

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud, 20/02/2025. (AP Photo/Jerome Delay)   -  
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Afrique du Sud

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa est en visite d’État à Washington cette semaine, dans une tentative délicate de réchauffer les relations avec son homologue américain, Donald Trump.

Longtemps marquées par des désaccords idéologiques et des crispations diplomatiques, les relations entre les deux pays ont atteint un point bas ces derniers mois, sur fond de divergences concernant la réforme agraire sud-africaine et la guerre à Gaza.

L’administration Trump, engagée dans un second mandat aux accents nationalistes, a multiplié les signaux de défiance à l’égard de Pretoria. En février, elle a réduit son aide financière au pays. Et, plus récemment, elle a accordé le statut de réfugiés à un groupe de Sud-Africains blancs, estimant qu’ils étaient victimes de discrimination raciale. Des accusations qualifiées d’"infondées" par le gouvernement sud-africain, qui y voit une instrumentalisation politique de la question raciale.

Pour tenter de rétablir un dialogue constructif, Ramaphosa mise sur un levier inattendu : les entreprises d’Elon Musk, milliardaire d’origine sud-africaine, soutien notoire de Trump, et figure d’influence dans l’économie américaine. Selon son porte-parole Vincent Magwenya, Pretoria prépare une série de propositions économiques ciblées, incluant notamment des avantages tarifaires pour Tesla en échange d’investissements stratégiques en Afrique du Sud.

Parmi les options évoquées : l’implantation d’un réseau national de stations de recharge pour véhicules électriques, soutenue par des allègements douaniers pour Tesla. Une autre piste concerne Starlink, le projet de connectivité Internet par satellite de Musk, actuellement bloqué en Afrique du Sud. Musk accuse les autorités sud-africaines de l’avoir écarté pour des raisons raciales, en raison des lois locales de transformation économique imposant aux entreprises étrangères de céder une part de capital à des groupes historiquement défavorisés. Pretoria a démenti ces accusations, précisant que Starlink n’avait jamais déposé de demande de licence.

Autre dossier crucial : le sort des exportations agricoles sud-africaines vers les États-Unis. Ces produits bénéficient aujourd’hui d’un accès en franchise de droits dans le cadre de la loi AGOA (African Growth and Opportunity Act). Mais ce régime préférentiel est désormais menacé par la politique commerciale protectionniste de Trump.

« La perte de ces avantages serait désastreuse pour les agriculteurs, les travailleurs agricoles et l’économie dans son ensemble », a averti John Steenhuisen, ministre de l’Agriculture, qui accompagne Ramaphosa à Washington.

La rencontre prévue entre les deux chefs d’État ce mercredi s’annonce tendue mais stratégique. Ramaphosa entend y défendre la légitimité de la politique de justice sociale sud-africaine, tout en appelant à un partenariat économique renouvelé et moins idéologique. Il souhaite aussi rappeler que l’Afrique du Sud, au-delà de ses intérêts nationaux, porte la voix d’un continent qui réclame davantage de respect, d’équité et de coopération sur la scène internationale.

Cette visite pourrait marquer un tournant vers l’apaisement, ou vers une nouvelle fracture.

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