Tunisie
Les migrants d’Afrique subsaharienne se sont rassemblés lundi devant le siège du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Tunis, pour exiger que leur situation soit résolue.
Après une vague d’arrestations ces dernières semaines, le président tunisien Kais Saied a prononcé la semaine dernière un discours que les critiques ont déclaré ouvertement raciste contre les migrants.
Dans son discours, Kais Saied avait ordonné aux fonctionnaires de prendre des "mesures urgentes" pour lutter contre la migration irrégulière, affirmant sans preuves qu’un "complot criminel" était en cours "pour changer la composition démographique de la Tunisie". Depuis lors, des nombreux Africains subsahariens en Tunisie se dirigent maintenant vers la sortie.
"La situation est de pire en pire. Lorsque nous marchons dans la rue, les gens nous brutalisent et nous insultent, et nous demandent de rentrer chez nous. La situation est devenue insupportable. Nous lançons un appel au HCR. Trop, c'est trop. Comme le peuple tunisien ne veut pas de réfugiés en Tunisie, nous demandons qu'ils soient rapatriés même au Niger ou au Rwanda" a déclaré Mohamed Salah, un migrant soudanais devant le siège du HCR à Tunis.
"Tout le monde est libre de vivre dans un pays africain. Nous sommes tous Africains. Pourquoi tant de racisme ? " a ajouté_Andrey Awli, originaire de la Cote d'Ivoire.
Le directeur de Radio Libre Francophone a dit avoir reçu des menaces téléphoniques.
"Alors qu’il ne s’agissait que du Parti nationaliste tunisien (récemment créé par l’extrême droite) ou des médias sociaux, les gens pensaient que l’Etat les protégerait", a-t-il déclaré.
L’Union africaine a également exprimé ses préoccupations suite aux remarques de Saied sur les migrants, appelant ses États membres à "s’abstenir de discours haineux racialisés susceptibles de porter préjudice aux populations".
Samedi, des centaines de manifestants ont défilé sur l’avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, chantant : "A bas le fascisme, la Tunisie est un pays africain."
"Président de la honte, excusez-vous," ont-ils exigé du président Saied.
Jean Bedel Gnabli, chef adjoint d’une association pour les migrants subsahariens, a déclaré que toute la communauté, y compris les Sénégalais, les Guinéens, les Congolais et les Comoriens, vivait dans la peur.
Même les étudiants d’Afrique subsaharienne dans les universités tunisiennes, qui sont en principe dans le pays légalement, ont été touchés.
L’AESAT, une association qui les soutient, a envoyé un message cette semaine les exhortant "à ne pas sortir, même à aller en classe, jusqu’à ce que les autorités s’assurent que nous sommes correctement protégés contre ces attaques".
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