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Le conflit Kenya-Somalie ne se limite pas à la frontière maritime [Analyse]

Ronald Kato et Michael Oduor   -  
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Kenya

La Cour internationale de justice s'est rangée du côté de la Somalie pour fixer une frontière maritime avec le Kenya dans un arrêt très attendu ce mardi. Ronald Kato et Michael Oduor évaluent les enjeux de cette décision sur Africanews.

Michael, quelle a été la réaction au jugement dans les deux capitales, Nairobi et Mogadiscio ?

Merci beaucoup, Ronald. Ce sujet est très, très sensible en Afrique de l'Est qui inclut la Somalie et le Kenya dans ce cas precis.

Si l'on regarde les réactions jusqu'à présent, tout d'abord, nous avons eu Farmajo, le président de la Somalie, qui a salué la décision de la Cour de justice des Nations unies, et appelé le Kenya à respecter ce verdict. Uhuru Kenyatta s'est entretenu avec la presse et a déclaré qu'il respectait la juridiction de la Cour. Mais il a également critiqué les décisions qui ont été prises en citant des problèmes ici et là. Mais l'élément le plus important de son discours est qu'il a rappelé qu'il avait prêté serment en tant que président du Kenya et qu'il allait protéger la souveraineté du Kenya. Ce qui signifie qu'il protégera les frontières et les limites du Kenya, et ce jusqu'au dernier jour de son mandat. 

Et quel est l'enjeu, Michael, pour les personnes qui n'ont pas suivi cette question de près ? Pourquoi Nairobi et Mogadiscio sont-ils si passionnés par ces eaux, par cette zone ?

C'est une bonne question, parce qu'on nous fait croire qu'ils se battent pour une é tendue d'eau. Mais en réalité, l'enjeu principal est qu'une partie importante de la mer contient des gisements de pétrole et de gaz, et c'est là que se situe la pomme de discorde entre les deux pays. Donc, si vous me demandez ce que cela signifie pour les personnes qui suivent cette affaire et celles qui nous rejoignent, c'est une question de ressources. C'est aussi simple que cela. C'est une question de ressources. Le président kényan, Uhuru Kenyatta, a déclaré qu'il allait se battre pour préserver la frontière, mais c'est juste une question de ressources.

Alors Michael, qu'est-ce que cet arrêt change réellement sur le terrain ? Le Kenya rejette la décision. La Somalie, on pouvait s'y attendre, l'accueille favorablement. Mais beaucoup d'autres sujets divisent la Somalie et le Kenya. Il y a la question du Somaliland, la question des terres de Juba, les élections...

Cette décision ne résoudra pas la discorde qui existe entre le Kenya et la Somalie depuis longtemps. Souvenez-vous que la Somalie devait organiser des élections générales l'année dernière, mais qu'elle n'a cessé de les reporter. Apparemment, le gouvernement en place a l'époque reprochait au Kenya de s'ingérer dans ses affaires intérieures. Sans compter que l'armée kényane est présente en Somalie pour aider à combattre l'insurrection d'Al-Shabab.

La Somalie estime donc que le Kenya s'est trop immiscé dans ses affaires intérieures et qu'il est temps qu'il quitte la Somalie et la laisse gérer ses affaires.

Toute cette question a donc été politisée en Somalie et même au Kenya. Farmajo a tenté d'utiliser cette altercation, ce différend avec le Kenya pour accroître sa popularité et ses chances de réélection.

Donc tout cela est en cours de développement, nous verrons ce qui va se passer ensuite. Mais même quand on regarde les figures de l'opposition somalienne, elles s'attendaient en fait à ce que la Somalie perde cette affaire, et a en tirer profit pour gagner en popularité.

Mais puisque le jugement a favorisé la Somalie, c'est Farmajo qui en ressort gagnant et apparaît en tant que protecteur de la Somalie.

Mike Oduor, mon collègue d'Africanews. Merci beaucoup, Michael, pour votre analyse et merci à vous de regarder Africanews.

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