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300 supporters de foot tunisiens en colère prennent la mer

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Football Africain

Environ 300 Tunisiens de la ville côtière de Chebba, qui menaçaient depuis plusieurs semaines d'émigrer vers l'Italie pour protester contre une sanction visant leur club de football local, ont pris la mer jeudi à bord de cinq bateaux de pêche.

Brandissant des drapeaux tunisiens et du Croissant sportif chebbien (CSC), club sanctionné par la Fédération tunisienne de football (FTF), ils sont partis du port de Chebba en plein jour, chantant des hymnes de foot.

"C'est une tentative de migration non organisée et pour de bon, et elle n'est pas symbolique", a affirmé à l'AFP Moncef Lahmar, membre de la coordination de soutien du CSC. Cette coordination a été créée par des habitants de Chebba (centre-est du pays) afin de mettre sur pied l'opération de migration protestataire.

Sous le contrôle des garde-côtes, cinq bateaux se sont éloignés jusqu'à une quinzaine de kilomètres de la côte, dans les eaux tunisiennes, d'après le correspondant de l'AFP les suivant.

En s'approchant des eaux internationales, des unités de la garde-côte maritime se sont approchées des embarcations et ont demandé à ces candidats à l'émigration de ne pas entrer dans les eaux internationales, selon la même source. Elles les ont enjoint de rester sur place ou de faire demi-tour, en attendant une décision du gouvernement après l'entretien jeudi entre le Premier ministre Hichem Mechichi et des représentants du club sportif de Chebba.

Deux bateaux ont refusé d'obéir aux ordres et s'avançaient vers les eaux internationales, suivis de près par les gardes-côtes, a rapporté le journaliste de l'AFP.

Dans une déclaration jeudi à une radio privée locale, le président du CSC a confirmé, sans donner de détails, qu'il avait eu un entretien avec le Premier ministre Mechichi au siège de la présidence du gouvernement à la Kasbah de Tunis.

Contactés par l'AFP, les responsables de la communication de la garde-côtes tunisienne et de la présidence du gouvernement étaient injoignables.

Sanction "injuste"

Les protestataires "se sont lancés dans une aventure meurtrière pour rétablir leurs droits" et pour exprimer à leur manière qu_'"ils ne sont plus des Tunisiens en l'absence de justice_" dans le pays, a commenté pour l'AFP le sociologue Mahdi Mabrouk.

"Les indicateurs de développement (économique) dans la région de Chebba sont faibles et le seul débouché (des habitants) est le football", a-t-il ajouté. "Face au mutisme des autorités, des habitants ont décidé de quitter le pays et de partir vers l'Italie", avait expliqué à l'AFP Mohamed Ali Abbas, membre de la coordination de soutien au CSC.

Le 17 octobre, la FTF a décidé d'interdire le CS chebbien de compétition en Ligue 1 pour toute la saison 2020-2021 parce que le dossier d'inscription du club était incomplet et déposé après la date limite, selon la version officielle.

Depuis plusieurs mois, le dirigeant du CSC, Taoufik Mkacher, est en conflit ouvert avec le président de la FTF, Wadie Jary, notamment après des publications Facebook critiquant le manque de transparence dans la gestion des fonds de la Fédération et appelant à un audit.

Le différend a pris un relief particulier au moment où Wadie Jary, qui dirige la FTF depuis 2012, est entré en campagne pour la présidence de la Confédération africaine de football (CAF).

Jugeant la sanction "injuste", des habitants de Chebba avaient manifesté en octobre leur colère dans les rues, par une grève générale, avant de décider carrément de quitter le pays en signe de protestation. Une tente blanche avait été dressée sur le port pour organiser le départ, et fin octobre plus de 2.000 personnes s'étaient inscrites pour ce voyage qui devait mobiliser plus de 200 embarcations.

Le départ collectif a été reporté plusieurs fois mais à l'approche de la reprise de la Ligue 1 du championnat de Tunisie, prévue le 22 novembre, les habitants de Chebba ont décidé de poursuivre leur protestation.