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Cameroun : les dangers de la réélection de Biya vus par son ancien collaborateur

Cameroun : les dangers de la réélection de Biya vus par son ancien collaborateur

Cameroun

Qu’adviendrait-il si les Camerounais élisaient le 7 octobre prochain Paul Biya ? Si l’entourage pense que les Camerounais devraient continuer de jouir de l’expérience du « Vieux Paul », Titus Edzoa estime que « ce serait une catastrophe » que de réélire l’octogénaire au pouvoir depuis 1982. L’ancien secrétaire général à la présidence (1994-1996) évoque plusieurs éléments dont l’incapacité de Paul Biya à gérer la crise anglophone.

Avant le poste de secrétaire général avait déjà occupé plusieurs hautes fonctions dont celle de ministre de la Santé en 1996. Poste dont il démissionna pour annoncer sa candidature à la présidentielle du 12 octobre 1997.

Mais, le 3 juillet, il fut arrêté au même moment que Michel Thierry Atangana qui devrait être son directeur de campagne. À la suite du procès du 3 octobre, les deux furent emprisonnés avant d‘être libérés 17 ans plus tard.

La réélection de M. Biya lors de la présidentielle dimanche semble acquise. Quelles en seraient les implications ?

La réélection du président Biya serait une catastrophe. Nous sommes dans l’abîme, à tous égards (…) mais quand vous parlez avec ceux qui sont au pouvoir, ils disent que tout va bien. C’est de la légèreté (…) je trouve que cette élection présidentielle est mal venue (car) la situation actuellement au Cameroun ne nous l’autorise pas dans la mesure où nous avons deux régions (Sud-Ouest et Nord-Ouest anglophones) (…) confrontées à une véritable guerre civile.

J’aurais souhaité (…) que ce scrutin soit reporté et que la priorité soit aujourd’hui l‘établissement de la paix dans tout notre pays, en l’occurrence en zone anglophone. On ne peut pas faire une élection présidentielle sans un minimum de sécurité. J’ose croire que les autorités vont prendre des mesures, mais je pense que ce seront des mesures de façade parce qu’on n’est pas sûr que ça se passe bien et puis, il y a beaucoup de gens qui n’iront pas voter (…) parce qu’ils auront peur d’aller voter.

M. Biya est au pouvoir depuis presque 36 ans, quel est le secret de sa longévité ?

Le président Biya a du talent parce que rester 36 ans de cette façon-là et se représenter, c’est du talent. Mais j’aurais souhaité que ce talent fût mis ailleurs pour l‘émancipation et l‘évolution des Camerounais, (or) c’est un talent mis à la disposition de la conservation du pouvoir. J’ai vécu dans ce système. Il a réussi d’une façon ou d’une autre à éliminer politiquement ceux qui pouvaient lui nuire, il souffle le chaud et le froid, il calcule.

C’est une technique qui, certes, a réussi pour la longévité, mais (…) qui peut mener à une implosion non seulement du système mais du Cameroun tout entier (…). Le système est bâti sur un seul individu et cet individu s’est identifié à la fonction. Donc si vous essayer d’aller un peu au-delà, vous êtes brisés, si bien que il y a une inertie totale du gouvernement.

Comment jugez vous la gestion de la crise anglophone par Paul Biya?

La crise a été très mal gérée par le président de la République. Je le dis sans ambages, lorsqu’il y a des problèmes de ce niveau, on ne peut pas les gérer par procuration (…). Il faut accepter le compromis, surtout il faut se parler, et pour se parler, il faut accepter l’autre : s’asseoir autour d’une table, ce n’est pas une défaite. Cette guerre au Cameroun est une guerre de trop parce que ce sont des Camerounais qui sont en train de s’entretuer. Si c’est le même président qui est réélu, on espère qu’il changera de méthode (…).

J’ai déjà rencontré les anglophones de la diaspora, la majorité n’est pas pour la sécession, mais ils sont prêts à discuter, ils sont prêts à être écoutés, entendus, et je pense que c’est la moindre des choses. Ils sont Camerounais comme tout le monde.

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