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Cameroun : "pas de cessez-le-feu sans dialogue" dans les zones anglophones ''évêque de Buea''

Cameroun : "pas de cessez-le-feu sans dialogue" dans les zones anglophones ''évêque de Buea''

Cameroun

Le Cameroun continue à faire face dans ses deux régions anglophones (environ 5 millions d’habitants, 20 % de la population) à une grave crise sociopolitique depuis plus d’un an, qui s’est peu à peu muée en conflit armé entre l’armée et les séparatistes.

Un cessez-le-feu a été instauré par les autorités dans le but de circonscrire les manifestations et les attaques des sécessionniste. Pour Mgr Emmanuel Bushu évêque de Buea – “capitale” de la région du Sud-Ouest – depuis 2006, il n’y aura “pas de cessez-le-feu sans dialogue”, dans ces parties du pays.

À 73 ans, ce prélat originaire du nord-ouest Cameroun revisite la situation sécuritaire du Cameroun – parties d’expression anglaise -. Interrogé par l’AFP, Mgr Bushu revient sur la genèse de la situation actuelle.

‘‘Le gouvernement ignore les aspirations des anglophones, on est en train d’atteindre un point de non-retour. Au début (de la crise, fin 2016), les corporations des avocats et des enseignants ont appelé à un dialogue, et c‘était une bonne chose. Mais certains d’entre eux ont été arrêtés. Ça a été un tournant très important dans la crise anglophone.’‘

La date du premier octobre 2017 (date de la proclamation symbolique par les séparatistes de l’indépendance de l’“Ambazonie” nom de l’Etat qu’ils veulent créer), il se rappelle des tirs des forces de l’ordre sur les populations ‘‘l’armée a tué beaucoup de gens. Pendant presque deux semaines, ils ont tiré sur les gens comme sur des oiseaux.’‘ Déclare-t-il.

L’indifférence de Yaoundé

Le plus gros problème réside pour le prélat au niveau du gouvernement de Yaoundé. Ils sont sur une ligne de défense de l’intégrité de la nation tandis que les gens en face sont prêts à mourir.

‘‘À Yaoundé, personne ne s’intéresse à nous. – Votre affaire là, elle continue encore ? -, disent-ils. Alors qu’on a des gens qui meurent tous les jours ici!. À la place, ils rasent des villages. À Kembong, ils ont tout détruit. Ils utilisent des méthodes (de guerre) démodées et vieilles, et disent que (les images de ces exactions présumées qui circulent sur Internet) ne sont pas vraies.’‘

Que le gouvernement ne prenne pas ces choses au sérieux, appelle-t-il ; je suis désolé pour lui. Mais comme le dit le dicton, la vérité finit par triompher.

Au sujet des combattants des régions anglophones

‘‘Les gens qui se battent ne sont pas une armée, ils ne répondent pas à un ordre. Ils répondent à une volonté de ne plus être mis au banc. Ce sont des fermiers, des gens des villages, pas des soldats formés à obéir. Ils se sont radicalisés à partir du moment où ils ont commencé à perdre des proches.

Quand vous perdez un membre, ou plus, de votre famille, vous vous dites que vous voulez vous battre et que vous ne vous rendrez pas. L’armée ne peut rien faire contre eux.’‘

Les combattants ne s’arrêteront pas avant qu’il n’y ait quelque chose de significatif (qui leur soit proposé). Et si on ne peut pas leur promettre que le dialogue est sérieux, ils ne s’arrêteront pas. Il n’y aura pas de cessez-le-feu sans dialogue.

Pour une issue à la crise

À la question de savoir s’il y a une possibilité d’un dialogue et d’un aboutissement, l‘évêque répond :

‘‘Il faut que les anglophones écrivent leurs doléances, que des facilitateurs les écoutent. C’est urgent, il y a déjà des centaines de morts. Et surtout, il faut s’assurer que ça soit suivi de décisions. Les gens qui se battent en régions anglophones veulent un dialogue sans condition avec les autorités. Mais les autorités ont mis des conditions.’‘

Paix, Unité et Fédéralisme sont des termes à prendre en compte dans la résolution de cette crise. Des mots qui ont perdu tout leur sens aux yeux des manifestants.

‘‘Le président (Biya, lors de son discours de nouvelle année) a dit qu’il n’y avait pas de problème. Donc, comment les gens peuvent croire à un dialogue ? En régions anglophones, les écoles sont fermées et les gens meurent.’‘

Il affirme que les populations ne tiennent plus compte des signatures des décrets présidentiels. Un système qu’il considère comme vieux. Nombreux sont ceux qui réclament l’autonomie des années d’après-indépendance. ‘’ Il y avait un Premier ministre, et s’il faisait des choses mauvaises, il en rendait compte à la justice. Aujourd’hui, Yaoundé gère tout. Le pouvoir est entre les mains d’un seul homme, et les gens ne l’acceptent plus ici.’‘ Conclut-il.

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