Rwanda
Le cas de Charles Twagira, médecin rwandais visé depuis décembre 2009 par la justice pour sa présumée implication dans le génocide rwandais de 1994, risque de raviver les tensions entre la France et le Rwanda. Embauché dans un hôpital français, le Rwanda exige son extradition.
L’alerte est venue de la Commission nationale rwandaise de lutte contre le génocide. Cette plateforme proteste contre la décision d’un hôpital public en France d’engager un homme qui a été condamné pour génocide dans son pays d’origine.
En effet, installé en France depuis plus d’une décennie Charles Twagira, 58 ans, fait depuis le 10 janvier 2018, partie de l’effectif de l’hôpital Paul Doumer, à Labruyère, dans l’Oise.
Sauf que, ce médecin rwandais est visé depuis décembre 2009 par une information judiciaire consécutive à une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) qui l’accuse de génocide et de crime contre l’humanité. L’hôpital Paul Doumer était-il au courant des accusations portées contre le médecin ? Si oui, est-il moralement acceptable d’employer une personne accusée de génocide dans un hôpital public français ?
À en croire les responsables de l’hôpital, c’est seulement une semaine après qu’ils ont su qui était le médecin et de quoi il était accusé. Aussitôt, l‘établissement aurait saisi la justice pour savoir de quelle manière appréhender le “cas Twagira”.
La Commission nationale rwandaise de lutte contre le génocide, elle, exige la poursuite en France ou la déportation au Rwanda de Charles Twagira. Mais ces demandes pourraient s’avérer infructueuses. Car, en 2014 déjà, le médecin a été mis en examen pour génocide et crime contre l’Humanité par un juge d’instruction de Paris en mars 2014, avant d‘être remis en liberté le 22 mai 2015, tout en restant sous contrôle judiciaire.
“Procès politique”
En 2002, après avoir acquis la nationalité française, il avait déjà été employé par un autre hôpital français.
Ancien dirigeant de l’hôpital de Kibuye, dans l’ouest du Rwanda, Charles Twagira est accusé par le CPCR d’avoir abusé de ses fonctions de médecins pour aider au génocide des Tutsis. Il aurait “organisé des barrages” dans son établissement “permettant aux miliciens de contrôler l’identité de la population et d’empêcher ainsi les Tutsi de fuir” ou encore “ordonné les tueries de Tutsi qui s‘étaient réfugiés dans le stade et à l’hôpital”.
Des accusations farfelues selon son avocat qui pointe plutôt un “procès politique” contre une personne “gênant le régime dictatorial de Paul Kagame”.
Les relations restent tendues entre la France et le Rwanda sur la question du génocide. Kigali accuse notamment Paris d’avoir été complice de ce génocide dans lequel plus de 800 000 personnes ont péri. La France a toujours nié cette présumée implication.
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