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Tchad : afflux massif de réfugiés soudanais fuyant les violences au Darfour

Des familles soudanaises déplacées s'abritent dans une école, Om Durman, Soudan, dimanche 23 mars 2025.   -  
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Tchad

Plus de 18 500 réfugiés soudanais ont franchi la frontière orientale du Tchad ces deux dernières semaines, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

La majorité d’entre eux fuient les violences croissantes dans les camps de déplacés du Darfour, notamment à ZamZam et El-Fasher.

Jean-Paul Habamungu, chef du bureau auxiliaire du HCR au Tchad, décrit une situation dramatique à la frontière : « Nous ne nous attendions pas à un tel afflux. La situation est terrible ici. Il y a énormément d’enfants, y compris des mineurs non accompagnés : un garçon de 14 ans que nous avons rencontré seul, et un autre de 9 ans qui pleurait en cherchant ses parents. Beaucoup de personnes ont des besoins spécifiques. Le médecin vient de m’informer que de nombreuses femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition. Nous craignons que davantage de personnes en état de dénutrition sévère arrivent bientôt. On nous parle de gens mourant de faim sur la route entre ZamZam, Tawila et Ea Etine. »

L’agence onusienne estime qu’environ 76 % des réfugiés ont été exposés à des violences extrêmes : viols, extorsion, pillages. Les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes arrivent dans un état de malnutrition alarmant.

Le Tchad accueille déjà 1,3 million de réfugiés, dont près de 800 000 Soudanais ayant fui le conflit depuis plus de deux ans. Les ressources humanitaires sont largement dépassées. Les besoins en eau, en soins de santé, en abris, en éducation et en protection dépassent les capacités locales et internationales.

« Nous traversons une période extrêmement difficile avec cet afflux massif », confirme Jean-Paul Habamungu.

Un carnage au camp de ZamZam

La dernière vague de déplacement a été déclenchée par l’attaque brutale menée le mois dernier par les Forces de soutien rapide (FSR) soudanaises dans le camp de déplacés de ZamZam, l’un des plus grands du pays. Les paramilitaires y ont mené une offensive de trois jours, tuant au moins 400 personnes, selon plusieurs témoins et ONG.

Des réfugiés et travailleurs humanitaires ont rapporté à l’Associated Press des exécutions sommaires, des passages à tabac, des actes de torture ainsi que des viols systématiques sur des femmes et des jeunes filles. L’assaut du 11 avril est considéré comme le plus meurtrier de l’histoire récente du camp, qui abritait autrefois près de 500 000 personnes.

Les miliciens ont incendié des habitations, des marchés, détruit des infrastructures, y compris le seul centre médical fonctionnel de ZamZam, tuant neuf employés humanitaires de l’ONG Relief International. À cela s’ajoute le massacre de 23 jeunes étudiants dans une école coranique.

Une catastrophe humanitaire visible depuis l’espace

Des images satellites prises entre le 10 et le 16 avril montrent une épaisse fumée noire s’élevant de plusieurs incendies dans le camp. Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l’université Yale, au moins 1,7 km² – soit environ 10 % du camp – ont été détruits par les flammes. Les accès au camp semblent contrôlés par les paramilitaires, d’après l’analyse des véhicules visibles sur les clichés.

Le 14 avril, il ne restait plus que 2 100 personnes à ZamZam, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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