Ouganda
Un souverain local de l'ouest de l'Ouganda a fait mercredi un retour triomphal dans sa région, quatre mois après l'abandon des poursuites pour trahison lancées en 2016 contre celui qui avait été accusé d'être responsable de violences ayant fait plus d'une centaine de morts.
Roi du Rwenzururu depuis 2009, Charles Wesley Mumbere a été accueilli dans la ville de Kasese par une foule en liesse, au son des klaxons et des sifflets, selon des images retransmises par la télévision publique ougandaise (Uganda Broadcasting Corporation).
Le souverain a salué la foule depuis le toit ouvrant de sa voiture, suivie par plusieurs centaines de personnes.
Les procureurs avaient annoncé en juin l'abandon des poursuites contre Charles Wesley Mumbere, inculpé notamment de trahison, meurtre et terrorisme après des affrontements meurtriers les 26 et 27 novembre 2016 entre l'armée ougandaise et la garde de son palais à Kasese.
Détenu pendant environ deux mois, il avait été remis en liberté provisoire en février 2017 avec interdiction de retourner dans son royaume. Il était depuis assigné à résidence dans la banlieue de la capitale Kampala.
Les 26 et 27 novembre, l'armée avait donné l'assaut sur le palais royal de Kasese, accusant le souverain de vouloir créer un État indépendant avec l'aide de sa garde, qualifiée de "milice". Selon les autorités, les gardes du palais avaient auparavant attaqué des policiers.
Un bilan officiel a fait état de plus de 100 personnes tuées au cours des deux jours d'affrontements.
Dans un rapport publié en 2017, l'ONG Human Rights Watch (HRW) affirmait que les violences avaient commencé après que des forces gouvernementales eurent pénétré de force dans un bureau administratif local, tuant huit gardes et déclenchant une vague de représailles au cours de laquelle les gardes du palais avaient utilisé des machettes pour se défendre.
Selon HRW, plus de 155 personnes, dont 15 enfants, ont été tuées durant ces affrontements.
Le royaume du Rwenzururu est une monarchie traditionnelle, près des monts Rwenzori, à cheval sur la frontière entre l'Ouganda et la République démocratique du Congo, dont les membres sont de l'ethnie bakonzo.
La monarchie s'est transformée en mouvement séparatiste lorsque les Bakonzo ont proclamé leur royaume en 1962. Les troubles ont pris fin en 1982 avec le dépôt des armes en échange d'une autonomie locale.
Le président Yoweri Museveni - à la tête du pays depuis 1986 - a officiellement reconnu le royaume en 2009, mais le conflit ethnique et politique a continué, nourri d'un sentiment de déclassement des populations locales.
Depuis 2014, la population locale a mené quelques attaques contre les forces de police.
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