Sénégal
A Dakar, au Sénégal, des jeunes jettent de plus en plus leur dévolu sur le graffiti. Une école créée depuis 2021 forme dans le métier.
Ibrahima Soumaré a la main hésitante. Crayon et gomme en main, il couche soigneusement quelques lettres sur une feuille blanche. Peu satisfait, il efface et reprend. Son exercice du jour : dessiner un graffiti avec le mot "top". Il fait partie de la troisième promotion des élèves de l'école de graffiti de la capitale sénégalise. Ils y recevront pendant six mois trois cours par semaine de théorie et de pratique. Formation sanctionnée par une attestation reconnue par l’Etat sénégalais.
"J'étais à l'école mais je n'arrivais plus à me concentrer sur mes études, et comme je me sentais très à l'aise avec le dessin, j'ai décidé de quitter l'école pour venir ici, pour améliorer mes compétences, pour me perfectionner'', explique Ibrahima Soumaré.
L’idée pour ses fondateurs est de former des professionnels. Le graffiti apparu au Sénégal vers la fin des années 80, fait partie du décor de Dakar et de sa banlieue.
"C'est une première parce qu'on a déjà vu des ateliers de graffiti ici au Sénégal, des sessions de live painting, des choses comme ça. C'était juste des moments fixes pour partager avec les jeunes, pour partager des expériences. Mais là, ce qu'on a voulu faire, c'est d'avoir un bastion, d'avoir un endroit où on peut vraiment partager notre expérience avec d'autres jeunes qui sont passionnés par le graffiti.", raconte Chérif Tahir Diop (Akonga), artiste graffeur.
Tableaux et graffitis rivalisent de beauté et de couleurs dans les couloirs du bâtiment de deux étages qui abrite l'école. C’est par passion que ces élèves s’inscrivent ici. Le métier n’offrant que très peu de débouchés.
"En fait, l'idée n'était pas d'éduquer les jeunes à utiliser cet art comme un moyen de gagner de l'argent, même si c'est parfaitement légitime et légal. Mais aussi des jeunes qui comprennent les réalités de leur époque, qui comprennent les réalités de leur peuple, qui comprennent aussi le sacrifice qui a été fait pour nous amener à ce point", explique Serigne Mansour Fall (Madzoo), artiste graffeur et l'un des fondateurs de RBS Akademya.
Madzoo affirme subir des pressions politiques du pouvoir depuis une fresque jugée critique représentant le président sénégalais Macky Sall.
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