France
Une semaine après un faux départ, le procès pour corruption de l'ex-président Nicolas Sarkozy dans l'affaire dite des "écoutes" devrait réellement débuter ce 30 novembre.
Le 23 novembre, tout était prêt au tribunal de Paris, mais l'un des trois prévenus, l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert, avait sollicité un renvoi, invoquant sa santé fragile dans le contexte de l'épidémie de coronavirus.
Après expertise médicale, le tribunal a rejeté sa demande jeudi dernier. Gilbert Azibert devrait donc se présenter en personne à l'audience aujourd'hui. Et l'examen de cette affaire inédite doit commencer : Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, comme ses coprévenus jugés en sus pour violation du secret professionnel.
Dans ce dossier, l'ancien président français est soupçonné d'avoir, avec son avocat Thierry Herzog, tenté de corrompre Gilbert Azibert, alors en poste à la Cour de cassation. Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog ont échangé de manière secrète en utilisant un nom d'emprunt, celui de Paul Bismuth, qui se trouve être un ancien camarade de lycée de l'avocat. Selon l'accusation, Nicolas Sarkozy cherchait à obtenir des informations couvertes par le secret, voire à peser sur une procédure engagée devant la haute juridiction liée à l'affaire Bettencourt - dans laquelle il avait obtenu un non-lieu fin 2013. En contrepartie, il aurait donné un "coup de pouce" à Gilbert Azibert pour un poste de prestige convoité par ce dernier à Monaco, poste qu'il n'a jamais obtenu.
Cette affaire, a surgi d'un autre dossier qui concerne depuis des années l'ex-chef de l'Etat : celui des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, qui lui vaut une quadruple mise en examen
Selon des écoutes de conversations avec Me Herzog, Nicolas Sarkozy semblait s'engager à intervenir en faveur du magistrat pour lui obtenir un poste à Monaco, que ce dernier n'aura finalement pas.
Au dernier moment, Nicolas Sarkozy avait renoncé à ces démarches, revirement qui peut s'expliquer selon les enquêteurs par le fait que Me Herzog et lui comprenaient que leurs téléphones non-officiels dont celui ouvert sous le fameux nom de Paul Bismuth pour l'ex-chef de l'Etat, étaient surveillés. Dans ce feuilleton judiciaire, la justice doit encore se prononcer non seulement sur l'appel contre l'ordonnance, mais aussi sur une question prioritaire de constitutionnalité, recours dont les issues conditionnent la tenue d'un procès.
D'ici là, Nicolas Sarkozy saura le 25 octobre si la justice confirme son renvoi devant le tribunal dans le dossier Bygmalion.
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