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Chaque animal compte : le Kenya recense sa faune sauvage

Une girafe dans le parc national de Nairobi, au Kenya   -  
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Carolyn Kaster/Copyright 2018 The Associated Press. All rights reserved

Kenya

Ces frêles petits coucous, solidement amarrés au sol de l'aéroport d'Isiolo (centre) afin d'éviter qu'ils ne s'envolent, sont la meilleure arme du Kenya pour recenser sa faune sauvage, et la protéger.

Ce pays d'Afrique de l'Est, connu pour ses parcs et ses safaris, mène actuellement par avion le premier recensement national de ses précieux animaux.

Des décennies de braconnage, l'extension de l'habitat humain ainsi que le réchauffement climatique ont durement touché la population mondiale d'animaux sauvages - et le Kenya ne fait pas exception.

Espèce emblématique, l'éléphant d'Afrique a par exemple vu sa population chuter d'au moins 60% en 50 ans, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Ainsi, les pilotes du Kenya Wildlife Service (KWS, l'agence de protection de la faune) qui s'apprêtent à décoller d'Isiolo sont en première ligne d'une bataille aux enjeux immenses.

"Les éléphants sont l'animal clé mais lorsque vous parvenez à localiser (toute autre) espèce en danger, cela vous donne le sentiment que le recensement est sur la bonne voie", explique à l'AFP le pilote Chris Cheruiyot, enclenchant la ceinture de sécurité de son collègue Julius Kabete dans le minuscule habitacle.

Appareil photo et dictaphone autour du cou, ce dernier passera les prochaines heures à compter girafes somali, zèbres de Grévy et autres oryx.

L'ambitieux exercice, qui a démarré en mai, concerne plus de 50 parcs ou réserves nationales, ainsi que de nombreuses "conservancies", ces zones sauvages gérées par des privés ou des communautés locales. Sans oublier la faune marine.

- Compétition -

La plupart des données concernant la faune sauvage au Kenya proviennent d'ONG locales ou internationales, et ne fournissent qu'une vision parcellaire.

De plus, former les recenseurs est souvent très long et très cher. Par conséquent, de nombreux scientifiques préfèrent "publier les résultats de modèles" informatiques, plutôt que de traquer les animaux sur le terrain, souligne Iain Douglas-Hamilton de l'ONG Save the Elephants.

Ce premier recensement kényan est donc crucial. Les informations collectées permettront notamment de construire une stratégie de long terme pour préserver cet actif d'une immense valeur, notamment touristique.

Le processus permet également de mieux comprendre les comportements des animaux : où ils se nourrissent, boivent, dorment... Dans un hôtel d'Isiolo, une équipe écoute attentivement les enregistrements effectués sur les dictaphones, qui retracent ces informations.

Fred Omengo, scientifique à KWS, souligne que la plupart des animaux sont ainsi vus près de points d'eau proches d'habitations humaines, signe que l'Homme grignote les espaces sauvages. Des données "très inquiétantes", affirme-t-il.

"Les animaux domestiques et sauvages sont en compétition pour le peu (de nourriture) qui est disponible", explique l'expert.

"Dans la plupart des cas, les animaux domestiques auront le dernier mot ", dit-il.

- "Dans 10 ans" -

De plus, cette proximité favorise les conflits humain-animaux. Près de 500 personnes ont été attaquées ou tuées par des animaux sauvages entre 2014 et 2017, selon un rapport de décembre 2019 de KWS, le dernier en date.

Une menace qui ne devrait que croître, affirment les experts.

"Tous les corridors de la faune sauvage ont été fermés par les humains et maintenant, les éléphants vont vouloir de l'eau, savoir où elle se trouve, mais ne pas pouvoir y aller", affirme Robert Obrein, un responsable de KWS pour la région d'Isiolo.

"Nous avons empiété sur des zones où nous ne sommes jamais allés avant, et les chiffres augmentent. Cela signifie que dans 10 ans, nous n'aurons probablement plus de faune sauvage en dehors des zones protégées."

Le recensement lui-même se fait dans un contexte marqué par de nombreux défis, à commencer par les conditions climatiques.

A Isiolo, le vent a fait surgir des nuages de poussière, réduisant la visibilité et forçant les avions à rentrer au bercail.

Kennedy Shamala, également pilote, explique que ces appareils très instables doivent rester à basse altitude, ce qui laisse peu de marge de manoeuvre en cas de mauvais temps.

"Tout votre corps travaille, les jambes, les mains, et vous observez", ajoute-t-il à propos de sa mission de haut vol.

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