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La Camerounaise Djaili Amadou Amal finaliste du Goncourt

L'écrivaine camerounaise Djaili Amadou Amal pose lors d'une séance photo à Paris le 17 novembre 2020.   -  
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Cameroun

Révélation du Prix Goncourt, Djaïli Amadou Amal veut porter "la voix des femmes du Sahel".

La Camerounaise figure parmi les finalistes du prestigieux prix littéraire français pour son dernier ouvrage, "Les Impatientes", qui explore les dessous des mariages forcés et de la polygamie.

"Le mariage précoce et forcé reste l'une des violences les plus pernicieuses, parce qu'elle entraîne automatiquement toutes les autres. Parmi les violences qu'elle entraîne, et qui est la suite logique de tout et qui conditionne la vie, c'est les violences économiques. La femme n'a pas de diplôme, elle ne finit pas ses études ou elle n'apprend pas de métier. Évidemment elle reste dépendante toute sa vie et comme elle est dépendante, elle ne peut pas se prémunir des violences", déclare-t-elle.

La romancière s'attache à montrer à quel point les femmes, d'abord victimes, reproduisent de manière inconsciente ces violences. **_"Les Impatientes"_ **donne la parole à trois femmes peules à qui l'on ne cesse d’asséner "Munyal" - patience en peul - pour leur faire accepter leur destin.

Elle a créé dès 2012 l'association Femmes du Sahel, qui oeuvre en faveur de l'éducation des filles de la région.

"J'ai des messages qui viennent du Burkina Faso, de la Guinée, du Sénégal, avec toutes ces femmes qui me disent : Tu ne me connais pas, mais tu racontes quand même mon histoire, j'ai vécu la même chose, j'ai vécu quelque chose de semblable ou même j'ai vécu pire que ça. Parce que ce qu'on se dit quand on a un regard externe, c'est finalement : est-ce qu'elle n'exagère pas un peu ? Je peux vous assurer que je n'ai pas osé mettre la moitié de ce qui se passe réellement parce que ça aurait pu être encore plus choquant que ça".

La romancière de 45 ans rêve de ramener le Goncourt au Cameroun, une première pour un écrivain d’Afrique subsaharienne.

Une récompense inespérée pour celle qui avait d’abord dévoré les livres de la Sénégalaise Mariama Ba et du Malien Seydou Badian Kouyaté pour pouvoir s’évader de sa condition, avant d'elle même prendre la plume.

Mariée à 17 ans

Née dans la région camerounaise du Maroua (extrême-nord) d'une mère égyptienne et d'un père camerounais, Djaïli Amadou Amal est une combattante. Mariée à l'âge de 17 ans à un quinquagénaire qu'elle ne connaissait pas, elle parvient, cinq ans plus tard et dans la difficulté, à divorcer.

Dix ans plus tard, elle se remarie, mais est victime de violences conjugales. Alors qu'elle parvient à s'échapper de l'emprise de cet homme, il kidnappe ses deux filles pour la faire revenir. Dans le même temps, elle s'accroche pour terminer un Brevet de Technicien Supérieur en gestion, seules études que son époux l'a autorisée à suivre, même si elle admet qu'elle aurait préféré faire des études littéraires.

Son tout premier texte, elle décidera toutefois de ne pas le publier. En 2010, elle finit par sauter le pas avec "Walaande, l'art de partager un mari", qui raconte l'attente sans fin de quatre femmes mariées au même homme. Le livre est un succès de librairie au Cameroun où elle accède à la notoriété. En 2012, elle est invitée au Salon du livre de Paris.

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