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Nigeria : les déplacés de Boko Haram souffrent de la suspension de l'aide humanitaire

Nigeria : les déplacés de Boko Haram souffrent de la suspension de l'aide humanitaire

Nigéria

S’ils ont pu échapper à la méchanceté de Boko Haram, des Nigérians vivent désormais dans des camps de déplacés sous le diktat de la faim. Faute d’aide humanitaire.

Falmata Ibrahim a quitté sa maison il y a cinq ans pour fuir les violences entre l’armée nigériane et les jihadistes de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria. Depuis, elle vit sous un abri de fortune et ne sait toujours pas comment nourrir sa famille.

Comme des centaines de milliers d’autres personnes déplacées par l’insurrection, elle dépend de l’aide internationale, et vivait notamment grâce à une donation de 50 dollars mensuels de l’ONG Action contre la Faim (ACF), dont les locaux ont été fermés il y a plus d’un mois par les autorités.

“Je ne sais pas comment je vais survivre avec mes enfants”, raconte la mère de famille à l’AFP, dans un camp de déplacés de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno.

A la mi-septembre, sans préavis, l’armée nigériane a fermé les locaux d’ACF, accusant l’ONG française d’avoir “aidé et encouragé les terroristes et leurs atrocités” en leur fournissant de la nourriture et des médicaments.

Tout comme pour Mercy Corps quelques jours plus tard, l’armée s’est installée devant leurs bureaux du nord-est du pays, ont encerclé les bâtiments et demandé aux employés de quitter les lieux, sans donner d’explication.

Depuis, les deux organisations ont dû suspendre tous leurs programmes d’aide. Selon les Nations unies, près de 400.000 personnes souffrent de l’interruption de l’action de ces deux organisations, qui les laisse “sans nourriture ni autre aide essentielle depuis un mois”.

Au cours d’une visite au Nigeria la semaine dernière, Mark Lowcock, secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, a déclaré avoir “reçu l’assurance des autorités compétentes que la suspension des activités de Mercy Corps et d’Action contre la faim sera levée dans quelques jours”.

Mais ni les autorités, ni l’armée n’ont fait de commentaire et le calendrier reste flou. Les représentants des organisations humanitaires ont déclaré à l’AFP n’avoir pas davantage d’informations.

‘Plus aucun moyen’

Mais pendant que l’incertitude règne, ce sont les victimes du conflit qui continuent d’en payer le prix.

Selon l’ONU, le conflit, qui ravage le nord-est du Nigeria depuis dix ans, a fait 35.000 morts, près de 2 millions de déplacés, dont 140.000 cette année, et plus de trois millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, notamment car elles n’ont pas d’accès aux terres à cause de l’insécurité.

L’armée a récemment décidé de retirer ses soldat des bases d’opération avancées, qui étaient régulièrement attaquées, pour les regrouper dans des “super-camps”, mieux protégés et censés être plus efficaces.

Toutefois les populations affirment que cette nouvelle stratégie a laissé des pans de territoires sans protection.

Les populations du nord-est sont regroupées dans des camps tentaculaires, gérés par les autorités et sécurisés par l’armée, mais elles dépendent totalement des distributions alimentaires pour leur survie.

Car en l’absence d’un quelconque soutien de la part de l’Etat nigérian, les ONG internationales et autres organisations locales sont un filet de sécurité crucial.

Fin octobre, Médecins sans Frontières a demandé un “soutien massif et constant” dans ses actions humanitaires dans les Etats de Borno, Adamawa et Yobe.

“Aujourd’hui, nous sommes dans l’incapacité d’atteindre des régions”, a fait savoir MSF dans un communiqué. “Près d’un million de personnes sont dans des zones inaccessibles à cause des combats, de l‘état des routes ou des interdictions de se déplacer ou de transporter des biens”.

“Nous devons réaffirmer de manière urgente et collective les principes fondamentaux de l’action humanitaire et protéger le droit de tout individu ayant besoin de recevoir une assistance”, proclame MSF.

“Les conditions dans lesquelles nous vivons sont déplorables”, a déclaré Jakanama Ali, père de neuf enfants. “Je n’ai plus aucun moyen de fournir ce dont ma famille a besoin.”

AFP

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