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En France, les immigrés choisissent des prénoms ''internationaux'' pour leurs progénitures

En France, les immigrés choisissent des prénoms ''internationaux'' pour leurs progénitures

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Se fondre dans la masse. On pourrait ainsi résumer l’attitude des immigrés qui vivent en France. Choisir des prénoms aux antipodes de leurs cultures pour leurs enfants et petits-enfants est devenu la tendance. C’est en tout cas ce que révèle une enquête de l’Institut national d‘études démographiques. Elle a été menée par les sociologues Baptiste Coulmont et Patrick Simon et ses résultats ont été publiés ce mercredi.

Les immigrés vivant en France s’adaptent à leur manière à la vie occidentale. Donner à son enfant ou à son petit-enfant un prénom ‘‘international’‘ pourrait lui permettre de mieux s’intégrer. L‘étude révèle que “La convergence entre population majoritaire et descendants d’immigrés ne se fait pas autour de prénoms typiquement français, mais de prénoms internationaux auxquels tous et toutes peuvent s’identifier”.

Concrètement, les sociologues ont effectué un travail d’envergure, se penchant sur la transmission des prénoms. Les populations concernées par cette enquête du nom de “Trajectoire et Origines” (TeO) et datant de 2016 étant les Européens du Sud et les Africains du Nord. L’investigation a couvert jusqu‘à trois générations de chaque côté.

D’abord, la première génération chez les Africains du nord. Arrivés en France, les Maghrébins donnent à leurs enfants et petits-enfants des prénoms arabo-musulmans dans le genre Khadija, Rachid, Mohamed, ou encore, Fatima. Selon l‘étude, 90 % des prénoms donnés à l‘époque sont issus de cette culture.

La deuxième génération suit sensiblement la même trajectoire. Les deux tiers des enfants et petits-enfants de cette seconde vague portent le même type de prénoms, avec une petite touche occidentale à peine perceptible. Des prénoms comme Myriam ou Nadiya sont enregistrés.

Puis vient la troisième génération, la plus ‘‘occidentalisée’‘. L‘étude révèle que “Les prénoms que reçoivent les petits-enfants sont, en 2008, proches de ceux que la population majoritaire donne à ses enfants”. Des exemples de prénoms comme Sarah, Inès et Lina (pour les filles) Yanis ou Nicolas (pour les garçons) sont à noter. Exit, les Mohamed, Youssef (garçons), Yasmina, ou encore, Noor (filles).

Il ne s’agit pas pour les immigrés de choisir des prénoms seulement français pour leurs proches, mais des prénoms occidentaux. D’après l‘étude, “En 2005, 50 % des enfants de la population majoritaire ont reçu un prénom qui n’est pas typiquement français”.

Même constat chez les Européens d’origine latine

Du côté des immigrés venus d’Europe du sud, c’est le même son de cloche. Les José et autres Maria, prénoms latins purs jus issus de la première vague d’immigrés, se sont volatilisés pour laisser la place aux David, Sandrine, Jean, ou encore, Marie (deuxième génération), avant de céder face aux Lucas, Enzo, Laura ou Léa (troisième génération).

Cependant, certains prénoms spécifiques résistent au temps et à la tendance. C’est le cas des prénoms dits “à forte religiosité”. Les enquêteurs nous font savoir que “Les musulmans gardent des prénoms spécifiques plus souvent que les personnes sans religion et les chrétiens”. A ce propos, 63 % des enfants de la troisième génération ont un prénom arabo-musulman dans les familles “à forte religiosité”, contre 7 % lorsque les parents sont “sans religion”.

Dans un autre registre, certains prénoms sont très prisés des parents et grands-parents. C’est le cas de Lina ou Ethan, des prénoms qui ont été très souvent donnés aux enfants en 2017, figurant au top des plus sollicités. Pour les sociologues, cela “est une marque d’adoption des goûts dominants”, même si ces prénoms “quasiment inexistants avant l’an 2000” peuvent difficilement passer pour “typiquement français”.

D’autres immigrés tentent tant bien que mal de transmettre leur culture à leurs progénitures à travers leurs prénoms, tout en essayant de les ‘‘occidentaliser’‘. De ‘‘nouveaux prénoms’‘ comme Yanis et Rayane “sont rapidement perçus comme d’origine maghrébine”.

L’enquête met en relief la difficile adaptation de ce type de prénoms, arguant que “L’invisibilisation des connotations culturelles des prénoms n’est pas complètement réalisée : Yanis n’est pas encore vu comme Enzo”.

L’on peut retentir que l’intégration ne se fait pas seulement en apprenant la langue du pays dans lequel nous vivons, mais elle se fait aussi en adoptant les noms et prénoms de l’endroit où l’on est amené à vivre. Mais tout cela garantit-il une réelle intégration ? La question reste posée.

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