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La dette de Glencore retarde le programme du FMI au Tchad

La dette de Glencore retarde le programme du FMI au Tchad

Tchad

L’image n’a jamais été autant pertinente. Le gouvernement tchadien est littéralement étranglé par la dette contractée auprès de la multinationale Glencore.

Article mis à jour le 28 novembre 2017 à 10h24

Selon des sources consultées par l’agence Reuters, la République du Tchad est suspendue à l’issue des négociations avec l’entreprise de négoce anglo-suisse pour voir le Fonds monétaire international (FMI) lui rétrocéder le prêt de 300 millions de dollars qu’il lui a consenti en juin dernier. La même source précise que le Tchad ne devrait pas voir la couleur de l’argent du Fonds avant la fin de l’année 2017 voire début 2018.

La crainte est, en effet, grande dans les couloirs du FMI de voir la plus grande partie de l’enveloppe atterrir dans les caisses de Glencore qui reçoit à présent l’essentiel du règlement de la dette extérieure de N’Djamena.

Au moment de la signature de l’accord Tchad-FMI, seuls 48,8 millions de dollars ont été versés aux autorités. Le reste de l’enveloppe sera versée au fur et à mesure des discussions entre le FMI et ses partenaires tchadiens.

C’est encore du côté tchadien que les blocages risquent d’advenir. Le ministre des Finances Christian Georges Diguimbaye et son adjoint, nommés en février dernier, ont eu à gérer une bagatelles de dossiers, tous liés et les uns les plus urgents que les autres : déficit budgétaire dû à la baisse des recettes pétrolières, dette de Glencore et plan d’ajustement du FMI.

Conseil du FMI sur le Tchad

Un agenda surchargé qui a sans doute entraîné le Tchad à manquer l‘échéance des négociations sur sa dette commerciale et donc, entraîné les retards en termes de déblocage des fonds, selon une source gouvernementale.

« Le cas du Tchad devait être discuté par le conseil du FMI le 15 novembre, mais l’accord commercial avec Glencore était nécessaire pour que cela soit possible. Comme cela ne s’est pas produit, le cas sera de nouveau soumis en décembre pour un déblocage des fonds en janvier ou en février », continue à la même source.

C’est dans ce contexte que le versement de la deuxième tranche du prêt du Tchad a été reporté bien que l’accord avec le FMI prévoit la mise à disposition du prêt durant toute la durée du programme prévu sur trois ans.

Mais pourquoi le Tchad et Glencore ne parviennent pas à se mettre d’accord ? Le porte-parole du FMI n’a pas répondu aux sollicitations de commentaires tandis que le porte-parole de la multinationale a décidé de ne pas se prononcer.

Plus tôt cette année, le gouvernement tchadien a décidé d’engager des négociations avec Glencore pour revoir les termes du prêt de 1,45 milliard de dollars contracté en 2014 auprès de la multinationale. Mais les conditions des discussions ont été rendues difficiles après que N’Djamena a annoncé sa décision de restreindre l’accès à son pétrole à Glencore, au profit des Américains d’ExxonMobil dès janvier 2018.

Une série de réunions tenues ces trois dernières semaines à Paris, la capitale française, entre les deux partenaires n’a pas fait avancer le dossier outre mesure. Le porte-parole de la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT), qui gère les actifs du pays en matières pétrolières, a indiqué que l’entreprise a besoin d’une réduction globale des taux d’intérêts « d’environ 9 % à un maximum de 5 %, y compris le Libor (NDLR Taux interbancaire pratiqué à Londres) ».

1,3 milliards encore à payer

À la fin des négociations avortées de novembre, Glencore a transmis une lettre à ses partenaires avec copie au FMI. Dans le document, l’entreprise indique qu’elle a proposé une réduction temporaire du taux d’intérêt au Libor augmenté de 4 % avec une période de grâce sur le principal jusqu’au quatrième trimestre. Ce qui signifie une baisse à 6,75 % soit 1,75 % d’intérêt de plus que les sollicitations du Tchad !

La proposition est toujours en train d‘être évaluée par le Tchad. Pendant ce temps, le pays doit encore 1,3 milliard de dollars sur les 1,45 milliard que Glencore et le consortium de bailleurs lui ont prêté il y a trois ans en échange de barils de pétrole brut.

100 % de cet argent avait été utilisé par la STH pour acheter 25 % parts du Consortium de Doba qui produit l’essentiel du pétrole tchadien, a précisé un consultant du cabinet en charge des relations presse du Tchad sur le dossier Glencore.

Lors d’une interview accordée en juin à trois médias français, Idriss Deby a stigmatisé « un marché de dupes » et « un délit d’initié » dans le dossier Glencore et celui du rachat des parts du Consortium de Doha quelques semaines avant la chute brutale des cours du brut.

Il a en outre expliqué que le Tchad s‘était engagé dans des opérations de maintien de la paix que son pays a supporté et financé ces dernières années, notamment au Cameroun et au Nigeria contre Boko Haram, mais aussi au Mali où le Tchad constitue l’un des principaux contingents de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies au Mali. « Nous n’avons pas du tout été soutenu sur le plan financier, économique », s‘était-il plaint.

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