République démocratique du Congo
Prologue
Prévues pour décembre 2017, les élections en République démocratique du Congo ne pourront finalement pas se tenir à cette échéance selon la Commission électorale. Comme un air de déjà vu qui hérisse les opposants de Kinshasa. Rappel des développements de cette crise politique en 10 actes.
Acte I : le projet de loi controversé de janvier 2015
En janvier 2015, la rue congolaise s’ensanglante. Des dizaines de morts sont recensées dans des manifestations anti-gouvernementales. C’est que quelques jours plus tôt, le Parlement du pays a voté un projet de loi électorale qui implique un report de la présidentielle et permet au président Joseph Kabila de rester au-delà de son deuxième et dernier mandat, la Constitution lui interdisant de se représenter. C’est le début d’une longue et tumultueuse affaire électorale qui a des ramifications sur la sécurité du pays.
Acte II : Kabila autorisé à rester
Le 11 mai 2016, la Cour constitutionnelle autorise M. Kabila à rester au-delà du terme de son mandat si la présidentielle n’est pas organisée avant le 20 décembre. Une “imposture” selon l’opposition.
Acte III : création du Rassemblement et retour d’Etienne Tshisekedi
L’opposition congolaise avance en rang dispersé après le maintien au pouvoir du président Kabila, jusqu’en juin 2016. Depuis Bruxelles, les têtes fortes de l’opposition – Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi décident de s’unir au sein du Rassemblement. Cette nouvelle impulsion donnée à l’opposition va s’amplifier le 31 juillet 2017 avec l’arrivée d’Etienne Tshisekedi en provenance de la Belgique – après deux ans d’exil médical. Les cartes sont de nouveau redistribuées.
Acte IV : préavis à Kabila
Dès son retour, l’opposant historique Etienne Tshisekedi exige une présidentielle avant la fin de l’année et le départ de Joseph Kabila. En septembre 2016, à trois mois de l‘échéance accordée à Kabila par ses opposants, la pression s’accentue.
Les 19 et 20 septembre, à la suite d’un appel à manifester de l’opposition pour signifier à M. Kabila son “préavis”, trois mois avant la fin de son mandat, des violences éclatent à Kinshasa entre forces de l’ordre et jeunes, faisant plusieurs dizaines de morts. Des pillages et des incendies criminels visent des bâtiments publics et des permanences de partis de la majorité.
Acte V : accord du 31 décembre, un bouffée d’oxygène
Le 20 décembre, dernier jour du mandat présidentiel, des affrontements entre forces de l’ordre et jeunes opposants provoquent au moins 40 morts selon l’ONU. Le 31 décembre, sur une médiation des évêques catholiques du pays, un accord politique est signé in-extremis pour accorder un nouveau surcis au président sortant.
M. Kabila est ainsi autorisé à rester jusqu‘à la “fin 2017”, en contrepartie de la création d’un Conseil national de transition (CNT) et la nomination d’un Premier ministre issu de la coalition de l’opposition.
Acte VI : décès d’Etienne Tshisekedi
1er février 2017, comme un coup de couperet, la nouvelle du décès d’Etienne Tshisekedi tombe. Le décès du leader de l’opposition à Bruxelles provoque une vague d’incertitudes du côté de l’opposition, notamment sur la ligne à suivre pour arriver à bout de la crise. Surtout que, l’autre opposant sérieux de régime, Moïse Katumbi, est hors du pays depuis mai 2016.
Acte VII : “violation” de l’accord du 31 décembre
Le 7 avril 2017, le président Kabila nomme un nouveau Premier ministre qu’il présente comme issu du Rassemblement, comme le prévoit l’accord du 31 décembre. Sauf que, son choix se porte sur Bruno Tshibala, un dissident de l’UDPS (le parti fondé par Tshisekedi). Pour le Rassemblement duquel se sont dessinées des fractures, c’est une “violation” pure et simple de l’accord politique, car le nouveau Premier ministre ne peut plus être présenté comme un membre de la coalition.
Acte VIII : les incertitudes s’accroissent
L’enregistrement des électeurs avance à pas de tortue. Les évêques catholiques invitent les Congolais à se mobiliser pour l’application intégrale de l’accord de sortie de crise.
Le 7 juillet, le président de la Commission électorale affirme que l’organisation de l‘élection ne sera “pas possible” avant la fin de l’année. Des manifestations pour tenter d’obtenir le départ du chef de l’Etat sont organisées en juillet et en août.
Fin août les autorités promettent de publier “incessamment” un calendrier électoral “réaliste” après avoir recensé plus de 40 millions d‘électeurs (98,9%). Mais l’opération a pris du retard dans les deux provinces du Kasaï, en proie à des violences.
Acte IX : report de l‘élection à 2019
Le 11 octobre, la Commission électorale annonce qu’il lui faut pas moins de 504 jours pour organiser les élections. Dans les faits, elle estime que les élections ne peuvent avoir lieu avant avril 2019. Une déclaration qui enterre définitivement l’accord entre le pouvoir et l’opposition du 31 décembre 2016.
Acte X : l’ONU exige la publication d’un calendrier électoral
Les réactions ne sont pas fait attendre. L’ONU a dès lors exigé la publication d’un calendrier électoral dans les plus brefs délais en vue de respecter l’accord et ainsi sauvegarder “la relative accalmie” obtenue avec l’accord du 31 décembre. L’opposition, quant à elle, dénonce une “forfaiture” et accuse le président Kabila d’avoir “déclaré la guerre au peuple congolais”.
Bien entendu, l‘épilogue de cette crise ne semble pas imminent. Le chef de l’Etat congolais étant resté silencieux sur ce nouveau report des élections.
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