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L'inquiétante question des enfants perdus du Soudan du Sud en Éthiopie

Ethiopie

La guerre au Soudan du Sud et ses ravages. La guerre et ses déplacés. Les atrocités commises par les combattants engagés dans ce conflit particulièrement sanglant ont poussé des dizaines de milliers de Sud-Soudanais à fuir les zones de combat. La plupart d’entre eux se sont réfugiés dans les pays voisins dont l‘Éthiopie où le sort des enfants non accompagnés inquiète.

Camp de Nguenyyiel, dans l’ouest de l‘Éthiopie. Dans ce site, vivent plusieurs dizaines de milliers de réfugiés sud-soudanais ayant fui les affres de la guerre qui déchire leur pays. Parmi eux, quelque 45 000 enfants séparés de leurs familles. Loin du crépitement des armes, ils tentent de refaire leur vie dans ce havre de paix où ils apprécient la vie plus que l’enfer qu’ils ont laissé derrière eux. Aujourd’hui, c’est souvent avec beaucoup de soulagement, mais le cœur lourd qu’ils se rappellent leur périple, à l’image de Chan, un gamin de 13 ans. Il a fui Malakal fin 2016 lorsque sa maison, une hutte en paille, a brûlé. Il a ensuite marché un mois avant d’atteindre l‘Éthiopie. « Lorsque je voyais un endroit sûr, je marchais dans cette direction », raconte-t-il.

Pas question de rentrer

Le moins que l’on puisse dire est que ces enfants, tout comme les autres personnes dans leur situation, se plaisent beaucoup dans ce camp. Et, même si les agences humanitaires tentent de réunir les familles séparées par la guerre, pas question pour certains de revivre les cauchemars qu’ils ont fuis pour s’installer dans ce site après un long et difficile périple. « Les enfants sont venus eux-mêmes du Soudan du Sud. Ils n’ont montré aucun intérêt à rester là-bas, car ils y ont vécu une mauvaise expérience. Et, à chaque fois que nous parlons avec certains d’entre eux, ils nous parlent de cette expérience, ils refusent même de parler de leurs familles en pensant que s’ils y portent de l’intérêt, ils retourneront au Soudan du Sud. », explique Hiwote Simachew, responsable de l’intervention d’urgence de Plan International.

Rejetés par leurs proches

Plan International et Save the Children sont parvenus à rendre des centaines d’enfants à leurs familles, mais ce chiffre ne représente qu’une fraction infime des 31.500 enfants non accompagnés enregistrés par les autorités éthiopiennes. Quand bien même qu’ils parviennent à retrouver certains membres de leurs familles, ces derniers refusent parfois de prendre l’enfant à leur charge, note Hiwotie Simachew, prenant l’exemple d’un Sud-soudanais vivant en Australie ayant refusé d’adopter trois de ses neveux. Qu’importe, les enfants refusent de rentrer. Une attitude qui apparaît comme le signe d’un traumatisme affligeant qui refuse de les quitter.

Leur désir de liberté et de paix semble prendre le dessus sur tout, après qu’ils ont bravé les dangers du chemin de l’exil pour fuir la violence de leur quotidien. « Ils fuient clairement des situations dans lesquelles leurs vies sont en danger », soutient Daniel Abate, de l’ONG Save the Children, qui tente de réunir ces enfants perdus et leurs familles. « On peut voir qu’ils sont épuisés, leurs vêtements sont usés, ils n’ont pas pris de douche depuis un bon bout de temps. Ils n’ont plus rien », poursuite Daniele Abate. D’autres vivent, par contre, très mal cette séparation qui a complètement détruit leur vie. Car beaucoup d’entre de ces enfants mineurs non accompagnés ont été directement frappés par les atrocités commises par les combattants sur les civils. Ils n’ont plus aucune chance de retrouver leurs proches, tués ou introuvables.

Une situation inquétante pour l’ONU

Le camp reste alors le seul endroit où ils se sentent en sécurité. Mais en dépit des efforts fournis par les organismes humanitaires, la prise en charge de ces enfants devient de plus en plus difficile. En visite dans le site, le haut-commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés n’a pas pu cacher son inquiétude, appelant à une plus grande implication de la communauté internationale pour assurer des meilleures conditions de vie à ces enfants perdus de la guerre. « Les pays stables, les pays dotés de ressources devraient relocaliser certains de ces réfugiés. La relocalisation est un outil très important pour fournir aux réfugiés les plus vulnérables une protection et des possibilités supplémentaires. », plaide Flippo Grandi.

Le conflit au Soudan du Sud, qui oppose principalement les troupes fidèles au président Salva Kiir et celles de son ancien vice-président Riek Machar, a contraint plus 3,7 millions de personnes, soit un tiers de la population, à fuir leurs localités. Toutes fuient les nombreuses atrocités à caractère ethnique, dont des viols, des meurtres et des tortures, dont sont l’objet les civils. Actuellement, la plupart de ces réfugiés vivent dans des conditions particulièrement difficiles dans les pays voisins.

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