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Zambie : la langue des signes pour sensibiliser au changement climatique

Bridget Chanda, interprète les termes relatifs au changement climatique à des élèves sourds à l'école spéciale Chileshe Chepela à Kasama, en Zambie, 6 mars 2024.   -  
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Tsvangirayi Mukwazhi/AP

Zambie

Dans un monde où le changement climatique devient de plus en plus pressant, des initiatives émergent pour sensibiliser et éduquer les communautés, même les plus marginalisées. Bridget Chanda, une jeune zambienne déterminée, incarne cette dynamique en utilisant la langue des signes pour transmettre des connaissances cruciales sur le climat à la communauté sourde de son pays.

Dans les premières lueurs du jour, Bridget Chanda enfile ses prothèses avec autant de soin que possible. Après six ans, elles ne lui conviennent plus, et rester debout ou marcher trop longtemps lui est douloureux. Pourtant, son attention est davantage portée sur la manière d'aider les autres.

Âgée de 18 ans, elle est déterminée à sensibiliser la communauté sourde de la Zambie au changement climatique. Alors que le pays d'Afrique australe est frappé par des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, dont la sécheresse actuelle, le gouvernement zambien a été incité à inclure davantage d'éducation sur le changement climatique dans le programme scolaire.

Toutefois, pour que cette information soit partagée avec la communauté sourde, cela dépend de personnes comme Chanda pour aider à traduire. Une tâche d'autant plus difficile que la langue des signes ne comprend pas de nombreux termes liés au climat.

Bien que la langue des signes ne soit pas officiellement reconnue en Zambie, le gouvernement a pris des mesures pour assurer sa reconnaissance et a rendu obligatoire l'enseignement du changement climatique en langue des signes. Mais avec le retard de cette dernière, enseigner de nouveaux concepts peut être un défi.

Chanda se souvient avoir eu du mal à expliquer certains termes, comme le paillage ou l'adaptation au climat, aux élèves. Cependant, elle a trouvé des moyens créatifs pour surmonter ces obstacles, notamment en écrivant les mots difficiles à signer.

Élève à l'école spéciale Chileshe à Kasama, dans le nord de la Zambie, elle apprend la langue des signes pour s'intégrer et nouer des liens avec ses camarades de classe, même si elle-même n'est pas sourde.

Parallèlement, l'intérêt pour le changement climatique a augmenté dans le pays, avec des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes. Chanda, intriguée par les disparités climatiques au sein de son pays, a décidé de se pencher sur la question.

Face à la sécheresse persistante qui affecte le pays et provoque des pénuries alimentaires, Chanda s'est engagée comme interprète lorsque l'experte en agriculture climatique Elizabeth Motale visite des communautés et des écoles pour éduquer les gens sur le changement climatique.

Au fil des séances éducatives, Chanda traduit les conseils de Motale, comme l'utilisation de l'irrigation goutte à goutte pour économiser l'eau précieuse. Son rôle d'interprète est essentiel pour permettre aux élèves sourds de comprendre les enjeux du changement climatique.

La Campagne pour l'Éducation des Filles (CAMFED), en partenariat avec les ministères de l'Éducation en Zambie et au Zimbabwe, a récemment lancé un programme d'éducation sur le climat dans les écoles, dirigé par de jeunes diplômées.

Le programme vise à aider les jeunes, en particulier les filles marginalisées, à renforcer leur résilience climatique et à explorer des carrières vertes. CAMFED souhaite également promouvoir des pratiques agricoles durables, telles que l'irrigation goutte à goutte, et enseigner des compétences en entrepreneuriat qui pourraient aider les jeunes femmes à lancer des entreprises agricoles.

Helena Chandwe, responsable des entreprises chez CAMFED, souligne l'importance d'améliorer la transmission de l'information aux élèves ayant des besoins spéciaux, notamment en fournissant des interprètes capables de transmettre correctement les informations et avec suffisamment de contexte.

Chanda espère rejoindre le programme d'agriculture de CAMFED après avoir terminé ses études. Son parcours personnel, marqué par des difficultés et des défis, l'a motivée à aider les autres et à se concentrer sur les possibilités plutôt que sur les obstacles.

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