République Centrafricaine
L’ex-président centrafricain François Bozizé doit annoncer samedi sa candidature à l‘élection présidentielle de décembre 2020, un scrutin à haut risque dans ce pays plongé dans une guerre civile depuis son renversement en 2013.
Les militants du Kwa Na Kwa (KNK), le parti de M. Bozizé, sont réunis depuis vendredi en congrès à Bangui.
“Les nombreuses souffrances du peuple centrafricain, ainsi que l’appel des militants et militantes, vous ont poussé à revenir au bercail”, a déclaré vendredi le secrétaire général du KNK Bertin Béa, s’adressant à M. Bozizé assis au côté des militants du parti.
“C’est pourquoi demain, samedi 25 juillet 2020, vous allez dire à haute et intelligible voix : Oui je suis candidat“, a-t-il ajouté.
Après six années d’exil à l‘étranger, François Bozizé est revenu mi-décembre en catimini à Bangui, un an pile avant le scrutin présidentiel.
Arrivé par la force à la tête de la Centrafrique en 2003, ce général de l’armée avait été renversé dix ans plus tard par une coalition de mouvements rebelles, appelée la Séleka.
Ce coup d’Etat avait plongé le pays dans une guerre civile, marquée par de violents affrontements communautaires entre la Séléka et les milices antibalaka, apparues pour soutenir le président déchu.
Cette guerre a forcé près du quart des 4,7 millions d’habitants de Centrafrique à fuir leur domicile.
Après une intervention de l’armée française, la Séléka a abandonné Bangui début 2014. Depuis cette date, une mission de l’ONU (Minusca) est déployée dans le pays pour rétablir la paix et l’autorité de l’Etat sur le territoire.
Depuis l‘élection en 2016 à la présidence de Félix Archange Touadéra, les institutions politiques bénéficient d’une relative stabilité. Mais plus des deux tiers du pays restent aux mains de divers groupes rebelles.
Sanctions de l’ONU
Pour M. Bozizé la partie est loin d‘être gagnée: l’ex-chef de l’Etat est toujours sanctionné par les Nations unies pour son rôle dans la crise centrafricaine de 2013 au cours de laquelle il est accusé d’avoir soutenu des milices antibalaka.
Fin janvier, il avait affirmé devant la presse que “rien” ne l’empêchait “d‘être candidat” et qu’il allait demander à l’ONU que son cas soit étudié pour mettre fin aux sanctions prises contre lui.
François Bozizé devra très probablement faire face à l’actuel président Touadera, dont la candidature fait peu de doute.
C’est un scrutin à haut risque qui s’annonce, alors que des combats sporadiques entre milices, qui exploitent souvent des tensions ethniques, continuent de faire des victimes, malgré un accord de paix signé en février 2019 à Khartoum entre le gouvernement et 14 groupes armés.
“La perspective des élections a donné aux groupes armés une raison supplémentaire de maintenir et d‘étendre leur contrôle sur le territoire”, a averti mi-juillet un groupe d’experts de l’ONU. Leur rapport souligne notamment un récent afflux de combattants étrangers, principalement venus du Soudan.
Le nord-est du pays, qui partage sa frontière avec le Soudan, est régulièrement secoué par des violences entre milices. Tout comme l’ouest du pays, où la Minusca a récemment lancé une opération contre un groupe armé, les 3R, qui y étend son influence.
AFP
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