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En Zambie, le fléau de la mortalité maternelle

En Zambie, le fléau de la mortalité maternelle

Zambie

Pour leur père, l’anniversaire de Karen et Kelly Jr. aura toujours un goût amer. Leur mère est morte en leur donnant la vie. Un drame encore fréquent en Zambie, qui nourrit un débat de plus en plus pressant sur les lacunes de son système de santé.
C‘était il y a plus de six mois et le père reste inconsolable.

Le 18 mars, la mère, Karen Kalengele, 33 ans, est admise en plein travail à l’hôpital Medcross Facility, un des plus prestigieux établissements privés de Lusaka.
Mais l’accouchement tarde. Alors pour éviter toute souffrance aux jumeaux à naître, la gynécologue décide de pratiquer une césarienne. Les nouveaux-nés se portent bien. Mais juste après leur naissance, le père, Kelly Chuunga, est informé du décès de son épouse.

Pour toute explication, il a du se contenter d’un simple certificat de décès, qui conclut que son épouse a succombé à une embolie pulmonaire.

Des questions sans réponses

Des réponses, Sandra Phiri n’en a pas obtenues beaucoup plus lorsque sa cousine Felicia Zulu, 33 ans, est décédée une semaine après avoir accouché d’une fille, morte-née dans le plus grand hôpital du pays, celui de l’université de Lusaka (UTH).
Mais pour elle les médecins sont seuls responsables de la mort de Felicia. “Après le décès du bébé, ils auraient pu lui sauver la vie”, dit-elle.

L’hôpital s’est refusé à tout commentaire sur ce cas particulier. “Je ne dirai rien sur cette affaire”, a déclaré une porte-parole de l‘établissement, Natalie Mashikolo.

La Zambie est loin d’afficher les pires résultats du continent en matière de mortalité maternelle. Selon une enquête des Nations unies, son taux s‘élevait à 224 mères décédées pour 100.000 naissances en 2015. Bien mieux que le Nigeria (814) ou l’Angola (477) ou la Côte d’Ivoire (645), des pays africains plus riches sur le papier.

Mais malgré de réels progrès sur ce front, comme à l‘échelle de la planète d’ailleurs, la liste reste longue des femmes qui décèdent encore en accouchant en Zambie.
“Statistiquement, nous avons réussi à réduire la mortalité maternelle, mais elle reste encore très élevée”, reconnaît le vice-président de l’Association médicale zambienne (ZMA), le gynécologue Samson Chisele.

Le ‘‘programme’‘ du gouvernement

Les autorités se sont fixé un objectif ambitieux. Passer au plus vite sous la barre des 100 décès maternels pour 100.000 naissances.

Mais la tâche s’annonce difficile. Car les statistiques trouvent leur origine dans la culture, les croyances de la population et, surtout, l‘état des structures de transport et de santé d’un des pays les plus pauvres de la planète.

“La mortalité maternelle s’explique par ce que nous appelons les 3 R”, explique le Dr Chisele, “retard dans la décision de se rendre à l’hôpital pour accoucher, retard dans l’arrivée à l’hôpital et retard dans la mise en oeuvre des soins à l’hôpital”.
Signe de l‘étendue du problème, cette réalité affecte tous les milieux, quels que soient leurs moyens ou leur éducation.

“Nous restons très préoccupés que nos mères meurent même quand elles ont accès aux services médicaux avant et après l’accouchement”, estime un responsable de l’Eglise catholique zambienne, Winfield Kunda.

Malgré sa douleur de jeune veuf, Kelly Chuunga espère lui aussi une prise de conscience des autorités. En l’attendant, il a préféré ne pas porter la mort de son épouse sur le terrain judiciaire.

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