Maroc : la mobilisation de GenZ 212 dégénère en affrontements

Des personnes interpellées lors d'une manifestation à Casablanca, au Maroc, le lundi 29 septembre 2025.   -  
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AP Photo/Mosa'ab Elshamy

Pour la quatrième soirée consécutive, plusieurs villes marocaines ont été le théâtre de heurts entre manifestants et forces de l’ordre. À l’origine de la mobilisation, le collectif anonyme GenZ 212, né sur Discord et relayé sur les réseaux sociaux, réclame des réformes dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Alors que des dizaines d’arrestations ont eu lieu, le gouvernement se dit prêt à ouvrir le dialogue.

Mardi soir, des affrontements ont éclaté dans plusieurs localités, notamment à Inzegane et Aït Amira près d’Agadir, ainsi qu’à Beni Mellal et Oujda.

Des vidéos diffusées en ligne montrent des manifestants, parfois cagoulés, jetant des pierres sur les forces de l’ordre et incendiant des barrières, des bennes à ordures et les abords d’un centre commercial.

À Rabat, plus de deux cents jeunes ont été interpellés lors des trois derniers jours. Selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH), la majorité a été remise en liberté, mais un premier groupe de trente-sept personnes doit comparaître à partir du 7 octobre.

Un incident controversé à Oujda

À Oujda, la presse locale a rapporté qu’un manifestant avait été grièvement blessé après avoir été percuté par un véhicule des forces de l’ordre. L’information a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, certains évoquant même son décès. Toutefois, l’agence de presse officielle MAP a démenti cette rumeur, affirmant que l’intéressé était toujours pris en charge médicalement.

Un collectif virtuel pour des revendications sociales

Le mouvement GenZ 212, apparu récemment sur Discord, se présente comme un espace de discussion autour de thèmes qui « concernent tous les citoyens », tels que la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption. Dans un communiqué publié mardi soir, ses initiateurs ont dit « regretter » les violences et appelé au respect du caractère pacifique des manifestations.

Malgré cet appel au calme, des procédures judiciaires ont été ouvertes dans plusieurs villes. À Casablanca, le parquet a engagé une instruction contre dix-huit personnes, dont six mineurs, pour entrave à la circulation lors d’un précédent rassemblement.

Dialogue et tensions persistantes

Face à la mobilisation grandissante, la coalition gouvernementale a publié un communiqué affirmant « être à l’écoute et comprendre les revendications sociales » et se déclarant prête à y répondre « de manière positive et responsable ». Le texte souligne également la « réaction équilibrée » des forces de sécurité dans le respect des procédures légales.

Malgré une stratégie qui se veut apartisane, le mouvement a reçu le soutien de formations politiques d'opposition comme le Parti socialiste unifié (PSU) et la Fédération de la gauche démocratique (FGD).

La contestation dénonce, depuis plusieurs semaines, les inégalités sociales et une forte dégradation des services publics. La colère avait déjà éclaté à Agadir, après l’annonce du décès de huit femmes enceintes dans un hôpital public.

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