Guinée : Reporters Sans Frontières dénonce la censure de médias privés

Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, à Conakry, le 6 septembre 2021, avant une réunion avec les ministres de l'ex-président de la Guinée, Alpha Condé.   -  
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L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a demandé jeudi aux autorités guinéennes dominées par les militaires de mettre "instamment" un terme à la série de mesures de restriction prises à l'encontre de certains médias privés, dénonçant des "atteintes à la liberté de presse d'une ampleur considérable".

Arrivée au pouvoir à l'issue d'un coup d'Etat en septembre 2021, la junte s'était engagée à respecter la liberté de la presse, a rappelé RSF dans un communiqué. Mais depuis mai 2023, les atteintes se multiplient: réseaux sociaux et radios privées coupés, sites d’information interrompus ou suspendus durant plusieurs mois sans explication, journalistes agressés ou arrêtés sur le terrain. 

Derniers exemples en date, la Haute autorité de la communication, gendarme du secteur, a demandé samedi au fournisseur Canal+ et mardi à la plateforme de services de télévision payante StarTimes de retirer de son offre jusqu'à nouvel ordre Espace et Evasion, des chaînes de radio-télévision très suivies. Elle a invoqué des raisons de "sécurité nationale", sans autre précision.

Ces médias restent inaccessibles jeudi, a constaté l'AFP.

Les radios FIM FM, Djoma FM sont en outre inaccessibles dans le pays depuis deux semaines, leurs signaux étant brouillés sans explication. Les réseaux sociaux tels que WhatsApp, Facebook, Instagram et TikTok sont, quant à eux, toujours indisponibles sans VPN, souligne aussi RSF.

"Le manque de transparence de ces décisions sous prétexte de +sécurité nationale+ est alarmant, discréditant par ailleurs l’indépendance supposée de l’organe de régulation", a dit Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, cité dans le communiqué.

RSF exige des réponses claires de la part des autorités et qu’elles mettent tout en œuvre pour rétablir l’accès aux médias censurés et aux réseaux sociaux, a-t-il ajouté.

Dans un communiqué il y a une semaine, le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) et diverses associations de presse ont déclaré "ennemis de la presse" plusieurs personnalités du gouvernement, dont le Premier ministre. Ils avaient appelé lundi à une journée sans presse, disant la profession "menacée d'extinction".

En octobre, les forces de sécurité ont interpellé une douzaine de journalistes et dispersé à l'aide de gaz lacrymogène leur manifestation pour le déblocage du site d'information Guinée Matin, également très suivi. Des poursuites ont été engagées contre eux.

La Guinée occupe le 85e rang sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2023.

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