En République centrafricaine, des centaines de personnes ont défilé dans la capitale Bangui pour réclamer la paix à trois jours des élections. Le pays est en proie à de fortes tensions alors que 1,8 million d’électeurs doivent se rendre aux urnes le dimanche 27 décembre. Selon un communiqué daté de mercredi, la coalition de groupes rebelles aurait déclaré un cessez-le-feu unilatéral de 72 heures sur l’ensemble du territoire.
RCA : Manifestation pour la paix à Bangui
Ce mercredi, les Casques bleus et les forces centrafricaines ont repris le contrôle de Bambari, la quatrième ville du pays, après que des rebelles s’en étaient emparés la veille. "Nous voulons que la paix revienne en République centrafricaine. Nous voulons que les élections se déroulent librement et de manière transparente" , déclare Gisèle Engikelemo . Elle est rejoint dans son propos par le pasteur Bruce Wingeye. "L'intérieur du pays est menacé. Malgré les résolutions des Nations unies, le pays est menacé. Nous, les pasteurs, nous sommes maintenant engagés à dire non, afin que la paix puisse revenir dans tout le pays" .
La tenue des élections est un enjeu majeur pour l'ONU et le président sortant Faustin Archange Touadéra, fort du soutien de la communauté internationale. Élu en 2016, il apparaît comme le grand favori, selon les politologues. Son mandat a été marqué par un début de reconstruction de l'armée et le rétablissement de l'autorité de l'Etat dans plusieurs préfectures, mais également par de multiples scandales de corruption.
L'économiste Anicet Georges Dologuélé est désormais son principal concurrent depuis l'invalidation de la candidature de François Bozizé . L'ancien président était sous le coup de sanctions de l'ONU pour son soutien présumé à des milices accusées de crimes de guerre et contre l'Humanité. Jusqu'à début décembre, l'ancien Premier ministre (1999-2001) de 63 ans s'était montré plutôt discret face à François Bozizé qui, grâce à une base électorale bien plus confortable que toutes les autres, avait pris la tête d'une plateforme regroupant les principaux partis de l'opposition.
Cessez-le-feu unilatéral
Selon un communiqué daté de mercredi, la coalition de groupes rebelles aurait déclaré un cessez-le-feu unilatéral de 72 heures sur l’ensemble du territoire. La Coalition des patriotes pour le changement (CPC), qui rassemble six des principaux groupes en rébellion , "déclare un cessez-le-feu unilatéral de 72 heures qui sera observé sur toute l'étendue du territoire par l'ensemble des troupes combattantes des patriotes" , selon ce communiqué. Les signataires invitent "le pouvoir à observer de même un cessez-le feu sur la même période" et appellent le chef de l'Etat Faustin Archange Touadéra à "suspendre les élections dont les conditions de bon déroulement n’ont jamais été réunies" .
"Le document n'est pas signé. C'est un cessez-le-feu unilatéral, un non-événement, et nous n'avons pas vu ces gens-là s'arrêter dans leurs actions" , a réagi le porte-parole du gouvernement, Ange-Maxime Kazagui . Pour l'heure, seuls le Mouvement 3R (Retour, Réclamation, Réhabilitation), l'un des piliers de la coalition, et le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) ont confirmé l'authenticité du document.
Fin des violences
Mercredi, les Etats-Unis a réclamé de la transparence et la fin des violences après l'envoi par la Russie de 300 "instructeurs militaires" à la veille des élections présidentielle et législatives. "Notre position a toujours été que les pays qui apportent leur assistance, militaire ou autre, doivent le faire de manière transparente et coordonnée, afin que cette assistance vienne soutenir le désir de bonne gouvernance et de stabilité du peuple centrafricain" , a déclaré à l'AFP un porte-parole du département d'Etat américain.
La diplomatie américaine a dit "déplorer" le regain de violences avant les élections du week-end prochain, notamment la prise par des rebelles de Bambari . "Nous appelons toutes les parties à cesser les hostilités et à garantir que le peuple centrafricain puisse exercer son droit à participer à des élections pacifiques le 27 décembre" , a ajouté le porte-parole.
La Russie avait annoncé mardi avoir dépêché ces instructeurs militaires supplémentaires à la demande du pouvoir du président sortant Faustin Archange Touadéra. Des gardes privés employés par des sociétés russes de sécurité assurent déjà sa protection rapprochée et des instructeurs forment les forces armées. Bangui a aussi fait savoir que des troupes rwandaises étaient venues assister les forces gouvernementales après l'alliance de trois groupes rebelles qui ont commencé à avancer vers la capitale.
Jeudi matin, les combats ont connu une accalmie dans plusieurs localités, selon des responsables d'ONG et de l'ONU.