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Guinée: Conakry en guerre contre ses motos-taxi

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CELLOU BINANI/AFP or licensors

Guinée

Depuis que les deux-roues sont interdits de se rendre dans le quartier des ministères, les altercations sont devenues de plus en plus fréquentes entre conducteurs et policiers.

Les deux-roues n'auront peut être bientôt plus leur place à Conakry. En Guinée, policiers et motocyclistes jouent au chat et à la souris dans les rues de la capitale, alors que les autorités ont décidés d'interdire les motos-taxis dans le centre de Conakry.

Impossible de circuler, sous peine de voir sa moto confisquée et placée à la fourrière. Il y a quelques jours, des jeunes faisaient la queue devant la police routière pour récupérer leur moto, moyennant 200 000 francs guinéens (un peu plus de $20), une grosse somme ici, a constaté un correspondant de l'AFP. Les motards dénoncent la mesure, affirmant qu'on leur retire leur gagne-pain.

"C’est interdit mais nous on a pas de boulot, on a ça comme boulot. Si tu vois que les enfants ne sont pas dans les quartiers à faire du thé, c’est parce qu’il y a la moto. Nous on se débrouille avec ça. Et ça c’est de l’injustice parce qu'il y a des policiers ici qui ont des motos en ville ici et leurs petits roulent chaque jour ici et on ne les arrête pas", décrie Mamadou Bachir Diallo, un conducteur de moto-taxi.

Abdoul Karim Bah, 27 ans, diplômé en droit, cherche du travail depuis trois ans. "Mon frère commerçant, qui m'a soutenu pendant mes études universitaires, m'a acheté une moto et m'a dit: 'Va te débrouiller comme tous les diplômés chômeurs de ton âge'", relate-t-il.

Lui et ses collègues gagnent entre 100 000 GNF et 125 000 GNF (de 10 à 12 dollars) par jour, dit-il. Une bonne partie sert à payer la moto et ses charges ou est reversée au propriétaire du véhicule, selon les cas. Il lui reste l'équivalent de 3 dollars par jour, affrime-t-il. 

Les clients aussi y trouvent leur intérêt. Entrer ou sortir de Kaloum en voiture, c'est prendre le risque d'un trajet à durée indéterminée. Monter derrière une moto peut revenir nettement plus cher qu'une voiture parce le passager ne partage pas la course avec d'autres clients. Mais le gain de temps est considérable. Essentielles aux conducteurs pour vivre, les motos-taxi permettent aux clients pour échapper aux bouchons endémiques de la capitale guinéenne. 

Fauteurs de désordre

Les confrontations tendues ne sont pas rares entre usagers et forces de l'ordre dans un pays où circuler est une épreuve à cause de l'engorgement et du délabrement des routes. Le capitaine Issa Camara, de la police routière, affirme que les conducteurs de moto "sèment le désordre partout où ils passent. Ils s'arrêtent n'importe où et n'importe comment".

La situation peut parfois dégénérer. Comme ici, lorsque deux policiers empoignent un conducteur récalcitrant lors d'un contrôle. En plein jour sous le regard de passants déconcertés, un policier déséquilibre le conducteur d'une clé aux jambes et lui passe les menottes. Si la police est régulièrement pointées du doigt pour son usage de la force, le gouvernement affirme que les motos sont le problème.

"La plupart des accidents mortels dans la circulation aujourd'hui sont liés aux motos-taxis. Combien de nos compatriotes ont perdu la vie par le fait des motos-taxis dans la circulation et de leur cohabitation un peu avec les automobilistes? Il faut nécessairement mettre un peu d'ordre dans ce secteur", affirme Tibou Kamara, ministre d’état conseillé du président guinéen Alpha Condé.

Depuis que le lieutenant-colonel Mory Kaba, un porte-parole du ministère de la Sécurité a dénoncé le mois dernier la "prolifération intempestive" des motos taxis dans le quartier des ministères, les altercations sont devenues encore plus fréquentes pour stopper les véhicules.

Selon la police guinéenne, plus de 100 personnes sont décédées dans des accidents causés par les motos taxis depuis le début de l'année.

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