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Congo : Sassou Nguesso vers une succession dynastique ?

Congo : Sassou Nguesso vers une succession dynastique ?
Le président Denis Sassou Nguesso salue ses partisans après avoir déposé son bulletin de vote à Brazzaville, le 21 mars 2021.   -  
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ALEXIS HUGUET/AFP or licensors

Congo

Récemment réélu à la tête du Congo, l'indéboulonnable président Denis Sassou Nguesso a puisé dans son cercle familial pour constituer sa nouvelle équipe gouvernementale, avec son fils en tête de pont, alimentant les suspicions sur une succession dynastique qui ne dit pas son nom.

A 77 ans, dont 37 au pouvoir, Denis Sassou Nguesso, réélu en mars pour un nouveau mandat de cinq ans, a nommé le 15 mai un nouveau gouvernement de 36 membres, dirigée par un proche collaborateur : Anatole Collinet Makosso. A 56 ans, il est un homme du "sérail", ancien directeur de cabinet de la Première dame, Antoinette Sassou Nguesso, membre du cabinet présidentiel depuis 2008 puis plusieurs fois ministre.

Le fait marquant est l'entrée dans son équipe, annoncée le 15 mai, du fils du président, Denis Christel Sassou Nguesso, 46 ans, au ministère fraîchement créé de la "Coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé". Ex-dirigeant de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC, 100% publique), Denis Christel a longtemps été présenté comme dauphin de son président de père. Sa sœur Claudia Ikia, 49 ans, gère la communication présidentielle depuis 2007.

Scandales économiques et financiers

Sur sa page Facebook, Denis Christel Sassou Nguesso se présente comme "philanthrope" et "député de la ville d'Oyo", le fief de son père, après avoir officié dans le monde du pétrole. "Tout en reconnaissant le principe de la présomption d'innocence, il faut reconnaître que le fils du président, devenu ministre, est cité dans de nombreux scandales économiques et financiers. Cela doit préoccuper la justice et surtout les gouvernants", pointe à l'AFP l'opposant Clément Mierassa du Parti social-démocrate congolais (PSDC).

Cette nomination du fils "est une façon de le préparer à occuper les plus hautes fonctions et de lui accorder l'immunité (...) au sujet notamment des biens mal acquis", critique de son côté Roch Euloge Nzobo, directeur du Cercle des droits de l’homme et de développement (CDHD).

Clan familial

Sassou Nguesso fils est dans le viseur de la justice aux États-Unis pour le détournement présumé de plusieurs millions de dollars des caisses de la SNPC, selon l'ONG Global Witness. La famille Sassou Nguesso fait également l'objet d'une enquête sur son patrimoine en France dans l'affaire dite des "biens mal acquis".

Citoyen congolais, le fils du président bénéficie "des mêmes droits que tous les autres, son patronyme ne peut nullement être un critère d’exclusion pour être élevé aux plus hautes fonctions de l'État", a réagi auprès de l'AFP Donald Mobobola, le chef de file des jeunes au sein du parti présidentiel.

Proche parmi les proches de Sassou depuis 1979, Pierre Oba continue lui d'occuper le stratégique strapontin des Industries minières. Hugues Ngouelondelé, gendre du président (marié à sa fille Ninelle), maire de Brazzaville entre 2003 et 2017, est reconduit comme ministre des Sports, avec le portefeuille supplémentaire de l'Emploi.

Défis économiques et sociaux

Les défis sont d'abord économiques et sociaux pour le gouvernement, notamment le règlement d'arriérés de salaires et de retraites. Faute de salaires, les prestataires et autres agents du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Brazzaville, de l'hôpital général de Loandjili à Pointe-Noire et de l'hôpital général de Dolisie (sud), troisième ville du pays, sont ainsi en grève depuis une semaine.

La situation sociale se détériore de jour en jour : coupures récurrentes d'eau et d'électricité à Brazzaville et Pointe-Noire, les deux villes qui abritent plus de la moitié des cinq millions d'habitants du pays. Le Premier ministre Makosso met en avant le dialogue social. "Les Congolais ne sont ni autistes, ni sourds. Il nous faut leur expliquer la situation, dialoguer avec les partenaires sociaux et leur garantir la transparence et la bonne gouvernance", assure-t-il.

Dette publique

L'économie congolaise, extrêmement dépendante des recettes du pétrole (85% des exportations) a pâti de la chute des cours depuis 2014, avant d'être durement impactée par la pandémie de Covid-19. La question de la dette publique (100% du PIB en 2020) et la relance des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) sont l'autre défi majeur du nouveau gouvernement, alors que le FMI juge insoutenable la dette du pays vis-à-vis de la Chine et des traders spécialisés dans les matières premières.

"Le Congo dépense la moitié de ses revenus pour payer ses dettes", souligne pour l'AFP Brice Makosso de la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez.

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